La motion de censure déposée par La France insoumise contre le gouvernement de François Bayrou n’a réuni que 131 voix, bien loin des 289 nécessaires pour renverser l’exécutif. Cependant, elle a mis en lumière une fracture au sein du Parti socialiste, dont huit députés ont choisi de voter en faveur de la motion, défiant ainsi la ligne officielle du parti.
Des voix dissidentes au sein des socialistes
Malgré la décision du bureau national de ne pas soutenir la motion de censure, huit députés du groupe Socialistes et apparentés ont fait entendre leur désaccord. Paul Christophle, député de la Drôme, a justifié son vote en dénonçant le refus de François Bayrou de suspendre la réforme des retraites, condition qu’il estimait être le minimum pour éviter la censure.
Peio Dufau, député des Pyrénées-Atlantiques, a voté en faveur de la motion pour alerter sur ce qu’il considère comme des « signaux préoccupants » au sein du gouvernement, notamment le retour de figures telles que Manuel Valls et Élisabeth Borne, ainsi que la poursuite de politiques qu’il juge néfastes pour les services publics.
Inaki Echaniz, autre député des Pyrénées-Atlantiques, a également exprimé sa déception face à l’inaction du gouvernement sur la réforme des retraites et a souligné son indépendance vis-à-vis des pressions de La France insoumise, tout en revendiquant son attachement aux valeurs socialistes.
Des avancées jugées insuffisantes
Fatiha Keloua Hachi, députée de Seine-Saint-Denis, a estimé que les concessions faites par François Bayrou étaient insuffisantes face aux défis actuels, notamment en matière de pouvoir d’achat et de justice sociale. Claudia Rouaux, députée d’Ille-et-Vilaine, a, quant à elle, dénoncé des progrès trop timides en matière de transition écologique et de justice fiscale.
Philippe Naillet, député de La Réunion, a critiqué le manque de clarté dans les annonces gouvernementales et le manque de moyens alloués aux territoires ultramarins pour faire face à la vie chère et aux problématiques locales. Enfin, Pierrick Courbon, député de la Loire, a évoqué un choix « en conscience » pour ne pas isoler le PS du reste de la gauche, tout en regrettant des engagements trop faibles de la part du gouvernement.
Une fracture au sein de la gauche
Le vote de ces huit députés souligne une fracture au sein du Nouveau Front populaire, l’alliance entre les socialistes et La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon, chef de file des insoumis, a accusé le PS de « capitulation », tandis que les socialistes se sont défendus de toute allégeance, affirmant rester ouverts au dialogue mais opposés à la politique du pire. Alors que la motion de censure a été rejetée, cette dissidence interne au PS révèle des tensions croissantes sur la direction à suivre, notamment face aux réformes controversées portées par le gouvernement Bayrou.