The Voice : Alexis Roussiaux nous raconte son aventure
« Quand on gagne The Voice, on a un contrat avec Universal, mais on l’a vu, ce n’est pas forcément suffisant pour percer. »
La dixième saison de The Voice a pris fin le 15 mai sur TF1, et a connu un vrai succès d’audience, avec des pics à plus de 6 millions de téléspectateurs. Dans la peau du jury cette année : Amel Bent, Florent Pagny, Marc Lavoine et Vianney. Quatre coachs qui se sont retournés pour Alexis Roussiaux, 24 ans, qui, après avoir choisi Vianney, a été repêché de justesse par Amel Bent dans les Battles. Il revient sur son aventure.
Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)
Jérôme Goulon : Les quatre fauteuils des coachs de The Voice se sont retournés pour toi. Tu t’y attendais ?
Alexis Roussiaux : J’ai une âme de compétiteur, donc j’y allais pour retourner les quatre coachs ! Mais le faire réellement, c’est toujours une surprise ! C’est une grosse compétition, il y a beaucoup d’artistes qui chantent très bien. Il faut donc donner le meilleur de soi pour retourner au moins un coach.
Tu as été rassuré assez vite…
Oui, Amel Bent s’est retournée au bout de trois secondes. Ça a été une chance pour moi, car elle m’a donné l’occasion d’avoir un public. Comme il n’y avait personne dans la salle, à cause des mesures sanitaires, j’étais tout seule sur scène avec mon piano. C’était ça le plus impressionnant, avant même les quatre fauteuils. Donc ça m’a détendu et j’ai pu donner tout ce que je pouvais donner.
The Voice, c’est ton plus gros trac de ta vie d’artiste ?
J’étais stressé avant de monter sur scène, mais pour être honnête, j’avais plus le trac aux premières auditions de The Voice, qui ne sont pas filmées. Les castings de The Voice sont très longs. Tu attends longtemps avant de rentrer dans une salle avec cinq personnes pour chanter trois chansons. Et tu dois attendre le lendemain pour savoir si tu es pris ou pas. Et ça, ça m’a plus stressé au final que d’être sur scène.
C’est la première fois que tu t’inscrivais à The Voice ?
Oui. On m’avait déjà contacté une ou deux fois, car ils m’avaient repéré par rapport aux singles que j’avais déjà sortis. Mais je ne me sentais pas prêt. Je n’avais pas envie de le faire. C’est quand même le plus gros concours de chant français, sur la plus grosse chaîne européenne de télévision. Et ça me faisait peur.
Qu’est-ce qui a été le déclic ?
Je me suis développé. Et puis en 2020, j’avais des concerts de prévus qui ont tous été annulés. Donc quand ils m’ont demandé si je voulais participer cette année, j’ai dit oui. Je me sentais prêt et plus fort. The Voice est la dernière scène ouverte de France, donc je ne pouvais pas louper ça ! Et puis ce que j’aime bien dans The Voice, c’est qu’il n’y a pas le côté téléréalité ou le côté ridicule. Il n’y a que des talents ! Et en plus, l’émission est bienveillante. Ça change d’autres télé-crochets où on passait plus de temps à se moquer des candidats. Il n’y a que de la qualité ! À tel point que les gens se demandent souvent pourquoi les coachs ne se retournent pas. Même moi, je me demande parfois pourquoi un fauteuil ne se retourne pas devant des candidats !
Pourquoi tu ne sentais pas prêt il y a quelques années ? Tu avais peur de te griller ?
Avant, j’avais un manque de confiance en moi et en mes capacités artistiques. Je le vois, depuis mon passage dans l’émission, je reçois des centaines et des centaines de messages d’amour et de soutien. C’est magnifique, j’adore ça. Mais ça aurait pu aussi être des messages de haine. J’aurais pu aussi me griller devant tout le monde. Donc il faut se sentir prêt pour faire The Voice !
On sait que les auditions à l’aveugle sont enregistrées. Tu as dû garder pour toi le fait que les quatre coachs s’étaient retournés ?
La production nous conseille de ne rien dire pour éviter les fuites. Maintenant, on a quand même le droit de le partager avec des proches. Moi, personnellement, j’ai juste dit à mes proches que j’étais dans l’aventure, pour leur enlever un peu de stress, mais je ne leur ai pas dit qui s’était retourné et avec qui j’étais.
Ça n’a pas été trop dur de garder le secret ?
Si ! Mais je me suis bien marré. J’ai joué avec mes copains et ma famille en leur faisant faire des pronostics.
Tu as choisi Vianney. Pourquoi ?
Déjà, avant de participer à l’émission, on a tous notre première idée. Et moi, j’avais Vianney en tête, même si je suis fan de Florent Pagny depuis tout petit. C’est un artiste dont je me sens proche. Vianney est auteur-compositeur-interprète et musicien. Moi aussi. Donc je me suis dit qu’il avait des choses à m’apprendre. J’aime sa musique, sa manière d’être. Il est simple, abordable. Il a un côté fraternel qui est hyper agréable.
Donc ton choix était fait ?
Oui, mais quand les quatre fauteuils se sont retournés, j’ai quand même hésité. C’est irréel d’avoir quatre coachs debout devant moi qui me disent des trucs super gentils. Florent Pagny qui se dit impressionné, Amel Bent qui dit qu’elle a l’impression d’avoir payé pour me voir… Ça fait réfléchir ! Mais je suis resté sur mon idée première !
Tu fais de la musique depuis longtemps ?
Oui, je suis tombé dedans dès 6 ans. À l’époque, j’habitais à Rouen, et il y avait un piano décoratif dans l’entrée. Je m’amusais souvent à tapoter dessus tout seul. Donc mes parents m’ont inscrit à une école de musique. Et puis petit à petit, j’ai commencé à chanter tout seul. J’étais dans une chorale au collège, je participais à tous les spectacles. Puis je me suis mis à la guitare, et j’ai commencé à avoir ce petit rêve en tête : en faire mon métier. Mais ça paraissait dur et irréalisable. Et puis finalement, j’ai fait des rencontres qui m’ont amené à connaître mon manager actuel, qui m’a accompagné dans mon développement artistique.
Tu vis de la musique ?
Aujourd’hui, j’ai arrêté les études. Je ne vis pas encore de la musique, mais c’est mon but !
À ce sujet, tu viens de sortir un single…
Oui, j’ai sorti Rêver Haut début mars. C’est le quatrième single que je sors depuis 2018. Les parles m’ont été écrites par Claude Lemesle, un grand auteur français qui a écrit notamment pour Joe Dassin et Michel Sardou. Dans le refrain, je dis notamment : « Les deux pieds dans la boue, la tête au soleil ». Ça reflète bien l’état d’esprit de cette chanson et mon parcours actuel, avec le contexte actuel sanitaire, mon rêve d’être chanteur et The Voice.
En chantant Goodbye Marylou de Michel Polnareff, tu n’avais pas choisi la facilité…
Oui, d’ailleurs on entend bien Florent Pagny qui dit m’attendre dans les hauts avant de buzzer. Cétait un défi, une manière de se surpasser. Mais on est dans The Voice, il faut montrer sa voix et être impressionnant !
On le constate depuis des années, les artistes qui percent ne sont pas forcément ceux qui gagnent The Voice…
Oui, il y en a qui gagnent l’émission et qui ne font rien après, et d’autres qui perdent mais qui percent. Tout dépend de ce qu’on a à proposer après. L’émission, en elle-même, c’est surtout une exposition. Quand on gagne The Voice, on a un contrat avec Universal, mais on l’a vu, ce n’est pas forcément suffisant pour percer… D’où l’importance de se sentir mature à la fois artistiquement et personnellement, pour avoir à proposer quelque chose après son passage. The Voice, c’est de la télévision, et au bout d’un ou deux mois, c’est fini ! Ce n’est que le début de quelque chose, comme l’a d’ailleurs dit Amel Bent.
Comment ça se passe dans les coulisses avec le jury ?
Pendant le premier prime, on a interdiction de croiser le jury ! Le jury se ballade un peu dans les bâtiments, donc à chaque couloir, il y a des rideaux. Et quand on veut aller aux toilettes, voir un coach vocal ou quelqu’un de la production, on se fait accompagner d’assistantes qui ont un talkie-walkie, et parfois on entend dans le talkie : « Alerte, coach ! » Il faut que les coachs nous découvrent sur scène et pas autre part…
Tu me disais avoir reçu beaucoup de messages bienveillants. Les gens se retournent déjà dans la rue ?
L’émission dans laquelle je suis passé, non seulement ils ont fait un record d’audience, mais en plus je suis passé premier. Donc 6 millions de téléspectateurs m’ont vu chanter, ce qui est énorme. On ne se rend pas compte de ça sur scène. En ce moment, j’habite à Metz, et je vois beaucoup de gens de mon village ou de la ville qui se retournent en disant : « C’est Alexis de The Voice ! » C’est touchant ! Je suis venu une semaine à Paris pour travailler, et des gens et des chauffeurs Uber m’ont reconnu. Ça fait bizarre.
Tu le vis comment ?
Plutôt bien. Je suis assez communicatif, donc j’aime bien qu’on me reconnaissance et qu’on vienne me parler. Ça me permet d’avoir le retour de gens que je ne connais pas. Et puis ce contact avec les gens, surtout en ce moment, ça fait vraiment du bien ! Parler avec des inconnus devient tellement précieux et tellement rare…
Pour toi, la musique est essentiel le ? Les salles doivent rouvrir ?
C’est une question compliquée. Je ne suis ni médecin ni politique. On est dans une situation inédite et très difficile à gérer. Évidemment que j’ai envie de dire à la ministre de la Culture de rouvrir les salles. Quand je vais à Paris et que je suis dans le métro collé à des gens, je ne comprends pas qu’on ne puisse pas être collés dans une salle de spectacle. Surtout qu’on est capable de faire des gestes barrière. Mais d’un autre côté, je comprends aussi leurs décisions. Le but est de protéger le maximum de personnes. On vit une mauvaise passe. Il faut être patient et dire aux gens qu’on est toujours là, et qu’après cette mauvaise passe, ce sera génial !
Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)