Henrikh Mkhitaryan (footballeur à l’Inter Milan), Karen Khachanov (tennisman encore en lice à l’Open d’Australie), Serj Tankian (chanteur – System of a Down) ou encore Nicolas Aznavour, fils de Charles. Ils sont nombreux depuis 48h à élever la voix par le biais des réseaux sociaux afin d’alerter le monde au sujet du « procès de la honte », en Azerbaïdjan.
La dictature du président Ilham Aliyev juge actuellement 23 prisonniers arméniens d’Artsakh (Haut Karabagh), capturés lors du nettoyage ethnique réalisé par l’armée azérie, accompagnée de djihadistes en 2023.
Le « procès » de Ruben Vardanyan, Bako Sahakyan et les autres n’est qu’un simulacre de justice. Ce qui fait fulminer les citoyens du monde entier. Ceux qui ont un coeur. À travers cette parodie de justice, l’Azerbaïdjan tente de couvrir le nettoyage ethnique en Artsakh (de 100 000 à 130 000 personnes chassées de leurs terres ancestrales) et de légitimer de futurs agressions en territoire arménien.
Ces prisonniers arméniens sont détenus illégalement depuis plus de 470 jours. Dans des conditions dramatiques et même inhumaines. Ruben Vardanyan a réussi à transmettre un message à sa famille via un appel hebdomadaire autorisé le 16 janvier.
« Je voudrais m’adresser à la communauté internationale, à ceux qui se soucient de ce qui se passe dans notre région, à ceux qui s’opposent à la persécution religieuse dans le monde et à ceux qui souhaitent une paix durable et authentique« , commence-t-il.
« Moi, Ruben Vardanyan, je suis détenu au centre de détention du Service de sécurité de l’État de la République d’Azerbaïdjan depuis le 27 septembre 2023, soit plus de 470 jours au total, dont 340 jours en isolement et 23 jours en cellule disciplinaire. Je voudrais faire une déclaration officielle avant le début du procès. Si vous lisez ces mots, cela signifie que j’ai épuisé tous les autres moyens pour vous faire part de la vérité sur ce qui se passe ici.«
Accusé de 42 chefs d’accusation, il n’a jamais eu la possibilité d’examiner en détail l’acte d’accusation officiel. Son avocat et lui-même n’ont jamais pu lire le dossier, ni en anglais, ni en arménien. Ce n’est que le 8 janvier 2025 (!) qu’il a reçu la liste des chefs d’accusation en russe.
Ruben Vardanyan explique que « des pressions ont été exercées sur (lui), (son) avocat et (son) interprète pour (les) forcer à antidater et à signer des documents, y compris des protocoles falsifiés et des comptes rendus d’interrogatoires qui n’ont jamais eu lieu« . Bienvenue dans un pays totalitaire, un vrai. Où la torture prime pour faire signer des documents.
Ainsi, l’ex-chef d’Etat d’Artaskh assure n’avoir « donné aucun témoignage depuis le jour de (son) arrestation, sauf lors du premier interrogatoire, où (il) n’a donné que (son) nom et (son) prénom« .
Il confirme ce que le monde craignait depuis longtemps : « tous les procès-verbaux portant (sa) signature sont des falsifications« .
Il réitère et réaffirme ainsi une fois de plus sa totale innocence et celle de ses compatriotes arméniens également détenus comme prisonniers politiques. Et appelle à la paix.
Face à cette parodie de justice -aucun journaliste international n’a le droit d’être présent au procès-, aucun autre verdict qu’une condamnation à perpétuité paraît possible. Pour autant, Ruben Vardanyan estime ne ressentir « ni colère, ni haine« , « au contraire, je sympathise sincèrement avec tous ceux qui violent les lois, les principes moraux et les enseignements du Coran et d’autres textes sacrés. »
Il ajoute : « Comme l’a dit le grand Mahatma Gandhi, la seule façon de sauver le monde de l’autodestruction est de vivre selon les principes de non-violence, de vérité et d’amour. En faisant preuve de compassion envers tous les êtres humains, quelle que soit leur couleur de peau, leur nationalité ou leur religion, nous pouvons parvenir à une paix véritable. Merci à tous pour votre soutien !«
Nombreuses sont les personnalités à avoir témoigné de la compassion pour ces otages. Luis Moreno Ocampo, premier procureur de la Cour pénale internationale, s’est fendu d’un message vidéo pour condamner l’attitude de la dictature azérie.
Nicolas Aznavour, co-fondateur et président du conseil d’administration de la Fondation Aznavour, a lui écrit un vibrant message à son ami Ruben Vardanyan. « Je parle avec une profonde admiration pour un homme qui s’est distingué en tant que leader visionnaire et patriote dévoué de l’Arménie« , écrit-il. « À travers ses initiatives philanthropiques transformatrices et ses investissements dans des projets éducatifs, Ruben a démontré que le véritable succès réside dans les vies que l’on élève et dans l’héritage que l’on construit. »
« Son courage et son engagement méritent non seulement notre soutien, mais aussi notre action collective pour garantir sa liberté et défendre les valeurs qu’il représente avec tant de passion« , conclut-il.
Artistes et sportifs de renom ont également relayé des messages de paix sur Instagram et sur X. Depuis Los Angeles (Etats-Unis), Serj Tankian, le leader du groupe System of a Down, n’a pas manqué de demander la libération des otages.
Sur Instagram, le tennisman Kharen Khachanov (russe d’origine arménienne), en plein Open d’Australie, n’a pas manqué de poster deux messages pour sensibiliser le monde à ce drame.
Sur X et Instagram, le plus grand joueur arménien de football Henrikh Mkhitaryan (actuellement à l’Inter Milan) a lui aussi publié plusieurs posts. Il alerte les Nations Unies ainsi que plusieurs organisations humanitaires.
Il est rare de voir des sportifs s’engager dans des causes politiques. Mais aujourd’hui, l’humain prime. C’est une histoire d’hommes, condamnés à tort. Des hommes qui souhaitaient la paix. Et vivre tranquillement sur leurs terres ancestrales. Sans haine, ni violence. Un pays, un peuple qui souhaite la paix face à une dictature assoiffée de sang.