ENQUÊTE – Mondafrique : Julie Gayet impliquée dans ce média de manipulation politico-médiatique ?
L’enquête d’Entrevue dévoile les coulisses de Mondafrique, un site d’information fondé par le journaliste Nicolas Beau, où des intérêts financiers puissants dictent la ligne éditoriale. Derrière ce média, des personnalités influentes comme le banquier libanais Antoun Sehnaoui, associé à Julie Gayet, épouse de l’ancien président François Hollande, occupent une place centrale. À travers Mondafrique et d’autres supports, ces financiers orchestrent des campagnes médiatiques pour protéger leurs intérêts et mener des campagnes de déstabilisations de leurs opposants économiques et politiques, brouillant la frontière entre journalisme et influence. Plongée au cœur d’un réseau où la liberté de la presse semble compromise par des agendas privés.
Depuis sa création en 2014, le site d’information Mondafrique, dirigé par le journaliste Nicolas Beau, s’est forgé une réputation ambiguë. Se présentant comme un média d’enquête indépendant, spécialisé dans la couverture de l’Afrique et du Moyen-Orient, Mondafrique est aujourd’hui au cœur d’une controverse majeure, soulevant des questions sur son financement, ses véritables objectifs et son indépendance éditoriale. L’enquête que nous avons menée révèle un enchevêtrement de liens financiers, politiques et personnels, qui jettent un doute profond sur la nature des contenus publiés par ce site.
Des actionnaires influents derrière Mondafrique
Derrière le média se cache une structure financière complexe. Mondafrique a été financé, dès ses débuts, par plusieurs personnalités influentes. Parmi elles, on retrouve notamment Mohamed Ould Bouamatou, milliardaire mauritanien et figure controversée, ainsi que Walid Badaoui, homme d’affaires discret mais puissant, administrateur de Rouge Holding. Rouge Holding, une société aux ramifications multiples, est codirigée par Antoun Sehnaoui, un banquier libanais au centre de nombreuses affaires de corruption au Liban. Ce dernier est également très proche de Riad Salamé, ancien gouverneur de la Banque centrale libanaise, récemment arrêté et actuellement poursuivi en France et en Allemagne pour détournement de fonds et blanchiment d’argent.
Antoun Sehnaoui est un homme qui inspire une grande défiance au Liban. Son nom fait peur dans la société libanaise, et de nombreuses rumeurs circulent à son sujet. Il est perçu comme un symbole de la crise de confiance qui affecte la Société Générale de Banque au Liban (SGBL), qu’il préside. Beaucoup de Libanais l’accusent de leur avoir volé leurs économies, une accusation d’autant plus préoccupante qu’une enquête est en cours à ce sujet. Malgré cette crise de confiance, Sehnaoui continue de financer le cinéma, souvent en association avec Julie Gayet, dans des films dans lesquels elle joue ou qu’ils coproduisent ensemble.
La relation entre Antoun Sehnaoui et Julie Gayet, épouse de l’ancien président François Hollande, ne fait qu’épaissir le mystère. Gayet et Sehnaoui sont associés dans Rouge International, une société liée à la production audiovisuelle et à la gestion de participations financières. Ce partenariat entre l’actrice et le banquier libanais intrigue, d’autant que Gayet a toujours été discrète sur ses affaires financières, laissant planer le doute sur l’implication réelle de Sehnaoui dans certaines sphères politiques françaises.
Des pratiques éditoriales douteuses et un manque de transparence
Mondafrique a cité ou consacré 46 articles, tous élogieux, à Riad Salamé, gouverneur de la Banque centrale libanaise, qui est actuellement sous mandat d’Interpol, délivré par la France et l’Allemagne, pour soupçons de détournement de fonds en bande organisée. Salamé est également incarcéré au Liban pour une affaire de détournement de 40 millions de dollars de la Banque centrale, détournés sur ses comptes personnels via des sociétés écrans. Malgré cela, Salamé bénéficie d’un soutien éditorial marqué dans Mondafrique, en raison de sa proximité avec Antoun Sehnaoui. Ce dernier a, rappelons-le, contribué à sauver la Société Générale du Liban, dont il est le président et propriétaire, grâce à ses relations avec Salamé lorsqu’il était gouverneur.
Les médias Mondafrique et Ici Beyrouth (propriété d’Antoun Sehnaoui) ont également adopté une rhétorique similaire pour tenter de décrédibiliser la juge française Aude Buresi, du parquet national financier, qui enquêtait sur les activités suspectes de Riad Salamé. Ces attaques ont cherché à saper la crédibilité de Buresi, notamment par des insinuations sur ses méthodes d’enquête. De plus, Mondafrique a ciblé la magistrate libanaise Ghada Aoun, figure de la lutte anticorruption au Liban, en la dépeignant sous un jour obsessionnel, l’accusant d’acharnement judiciaire et de pratiques contraires à la déontologie. Sur le site de Mondafrique, elle est décrite comme une femme menée par des vendettas personnelles contre Salamé, alors qu’elle est respectée à l’échelle internationale pour son combat contre la corruption.
Antoun Sehnaoui n’est pas seulement impliqué dans le secteur bancaire et les médias ; il finance également des organisations chrétiennes d’extrême droite et fondamentalistes au Liban, particulièrement dans le quartier d’Achrafieh. Ces milices sont tristement célèbres pour leurs actions violentes, notamment contre les homosexuels, qu’elles traquent et battent en pleine rue et dans des lieux publics. Un article du quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour datant de 2022 révèle que Sehnaoui recrute ses gardes du corps personnels directement au sein de ces milices qu’il finance.
Un média aux finances farfelues
Mondafrique, malgré son apparente notoriété, est financièrement déficitaire. Les informations fiscales et comptables auxquelles Entrevue a eu accès montrent que le média n’a jamais généré de bénéfices après impôts. En 2016, alors que Nicolas Beau était le seul salarié, la masse salariale atteignait 110 577 €, avec des avantages sociaux de 38 133 €, pour un salaire brut avoisinant les 9 000 € par mois. Les frais de fonctionnement étant très réduits, Mondafrique ne survit que grâce à des apports en capital réalisés par ses actionnaires. Par exemple, le 20 juillet 2022, Walid Badaoui, associé de Julie Gayet et Antoun Sehnaoui dans Rouge Holding, a acheté pour 100 000 € d’actions, malgré les pertes continues. Cette opération se répète le 15 mars 2023, cette fois-ci avec la participation de Mohamed Ould Bouamatou, milliardaire mauritanien sulfureux, déjà présent parmi les actionnaires et dont on peut retrouver plusieurs pages d’articles à sa gloire dans les colonnes de Mondafrique.
Les contributeurs de Mondafrique, principalement bénévoles, travaillent sans salaire, et le siège social du site est basé dans l’appartement de Nicolas Beau, dans le 20e arrondissement de Paris. Les principales dépenses concernent la masse salariale, financée par des augmentations de capital, qui permettent de rémunérer Nicolas Beau tout en publiant des articles élogieux sur les actionnaires et attaquant leurs adversaires.
Un réseau d’influence et déstabilisation sous couvert de journalisme
Ces actionnaires, en plus de se promouvoir, utilisent leurs médias pour mener des campagnes de déstabilisation contre leurs adversaires économiques et politiques. Notre enquête révèle un réseau complexe de financement et d’influence entre des médias prétendument indépendants et des hommes d’affaires aux pratiques douteuses. Mondafrique, en apparence un média d’investigation libre, semble être devenu un instrument au service de financiers puissants, utilisant ses colonnes pour promouvoir les intérêts de ses actionnaires et attaquer leurs opposants. Les liens étroits entre Antoun Sehnaoui, Walid Badaoui, Julie Gayet et Nicolas Beau jettent un doute profond sur la crédibilité de ce média et sur l’intégrité de la presse française.