Lisette Oropesa, souveraine dans « Les Puritains » à l’Opéra Bastille

Lisette Oropesa, souveraine dans « Les Puritains » à l’Opéra Bastille

Dès les premières notes, une magie opère. Les Puritains de Vincenzo Bellini, dans la mise en scène sobre et saisissante de Laurent Pelly, fait son retour triomphal à l’Opéra Bastille. Porté par une distribution de haut vol, cet opéra de 1835 trouve en Lisette Oropesa une Elvira d’exception, transcendant l’exaltation et la détresse de l’héroïne dans un moment de grâce pure.

Une Elvira d’exception

Sur scène, Lisette Oropesa captive dès son entrée. Son timbre lumineux, sa souplesse vocale et son art du legato servent à merveille l’écriture raffinée de Bellini. Dans Son vergin vezzosa, elle joue sur une fragilité émouvante, teintée de pressentiment. Puis, à mesure qu’Elvira sombre dans la folie, la soprano impressionne par la finesse de son interprétation dramatique. Son O rendetemi la speme est un sommet d’émotion, avec des pianissimi suspendus et des aigus cristallins qui glacent et bouleversent tout à la fois.

Face à elle, Lawrence Brownlee en Arturo brille par son agilité vocale, même si ses premières interventions manquent un peu d’aisance respiratoire. Il se révèle plus à son avantage dans l’acte final, où il déploie toute sa maîtrise du bel canto, notamment dans A una fonte afflitto e solo. Roberto Tagliavini, en Giorgio, impose un phrasé noble et une autorité vocale incontestable. En revanche, Andrii Kymach, en Riccardo, peine à rendre son personnage aussi marquant que ses partenaires.

Une mise en scène minimaliste mais percutante

Laurent Pelly place Elvira au cœur de son dispositif scénique. Son château, évoqué par des structures métalliques anguleuses, devient une cage où se joue son destin, oscillant entre rêve et désillusion. La mise en scène, d’une austérité assumée, met en avant la rigidité du monde puritain, face auquel Elvira incarne la seule figure libre et vibrante.

À la baguette, Corrado Rovaris insuffle dynamisme et subtilité à la partition. Il épouse les respirations des chanteurs et maintient un équilibre parfait entre fosse et plateau, mettant en valeur les couleurs raffinées de l’orchestre de Bellini.

Un triomphe mérité

Au rideau final, la salle explose en ovations. Le public acclame avec ferveur une Lisette Oropesa souveraine, dont la performance restera sans doute comme une référence dans ce rôle. Les Puritains de l’Opéra Bastille s’imposent ainsi comme un rendez-vous incontournable de la saison lyrique, une célébration du bel canto dans ce qu’il a de plus envoûtant et poignant.

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