EXCLU – Snoop Dogg, porteur de la flamme olympique : « Je veux promouvoir la paix et l’amour. »

26 juillet, 2024 / Jerome Goulon

De nombreuses stars internationales font partie des derniers relayeurs de la flamme olympique ce vendredi à Saint-Denis pour l’ouverture des JO de Paris 2024. Parmi elles, le rappeur américain Snoop Dogg. Devenu une star mondiale dans les années 1990 avec son album Doggystyle, vendu à plus de 11 millions d’exemplaires, Calvin Cordozar Broadus Jr., alias Snoop Dogg, est toujours aussi populaire plus de 30 ans après.  Véritable  ovni dans le milieu du rap, pour défendre davantage la paix et l’amour plutôt que les armes à feu, Snoop Dogg cumule les casquettes. Aujourd’hui à l’affiche du film The UnderDoggs, disponible sur Prime Video, il nous parle de son actualité et revient sur son parcours atypique et sa recette pour durer aussi longtemps…

Ton actualité est très liée au sport. Tu es notamment es à l’affiche d’un film sur Amazon Prime Video, The UnderDoogs, dans lequel tu incarnes une ancienne star de la foot américain qui accepte d’entraîner une équipe au lieu d’aller en prison. Il y a une part d’histoire vraie dans ce film ?
C’est vrai qu’en 2005, j’ai créé la Snoop Youth Football League. Le but était d’aider les enfants issus des communautés de gangs à réussir dans la vie. Certains sont devenus médecins, policiers et même des professionnels de football américain.

Et ce sont ces histoires qui ont inspiré le film ?
Oui, mais The UnderDoggs est avant tout une comédie, et pas un drame. J’ai toujours eu la conviction que se prendre trop au sérieux n’était pas vendeur auprès du public…

Tu es l’un des rappeurs les plus connus au monde, et ta popularité est toujours la même depuis les années 1990. C’est quoi le secret de ta longévité ? Ne pas te prendre au sérieux, justement ?
Oui. Je représente un visage amical du gangsta rap, et je ne me suis jamais pris au sérieux. Mon premier album, Doggystyle, s’est vendu à 11 millions d’exemplaires. Il a contribué à faire connaître le hip-hop dans le monde alors que la pochette était un dessin humoristique avec des chiens…

Un rappeur qui éteint les incendies plutôt que de les allumer, c’est plutôt rare…
J’ai toujours été comme ça. Quand j’ai sorti Doggystyle en 1993, j’avais déclaré à l’époque : « Je vais essayer d’éliminer la violence des gangs ! » C’est vrai que c’était très décalé… 

Tu as poursuivi sur cette voie dans l’album qui a suivi, avec le titre Doggyland notamment, qui était une ode pour la paix…
Oui, ce titre était un cri pour un monde meilleur et plus sûr. Doggyland était un réveil. Je voulais vraiment écrire un morceau de rap qui racontait ce que pourrait être la vie s’il n’y avait ni violence, ni maladie, ni meurtre. Mais personne n’a aimé ça. Les fans de rap étaient trop habitués à rapper en disant des mots très crus comme « Fuck Ya ! », « Tirez sur un négro ! », « Salope », etc… C’était au milieu des années 1990, les banlieues blanches associaient les rappeurs noirs et le rap aux gangs et à la violence. Les paroles de Doggyland, qui disaient qu’il fallait sauver des vies, étaient à l’opposé de la façon dont les médias, les labels et les stars du rap comme The Notorious B.I.G et Ice-T voulaient vendre la musique.  

Tu étais donc en complet décalage…
Oui. Le sexe, la violence et le meurtre étaient la clé pour vendre du rap dans les années 1990. Alors quand j’ai dit : « Je fais partie de ce mouvement musical, mais je veux promouvoir la paix, la positivité et l’amour », l’industrie a dit : « Faites-le sortir avant que tout le monde ne commence à faire ça ! » ( Rires )

Paradoxalement, tu étais toi-même à ce moment-là impliqué dans une histoire de meurtre…
Je me battais en effet dans une affaire de meurtre à l’époque. J’ai été accusé de complicité du meurtre de Philip Woldemariam, avant d’être acquitté en 1996. Mon garde du corps était le tireur, mais il était en état de légitime défense. Je n’aime pas trop parler de ça. En plus, j’avais un bébé, donc j’ai pu voir ce que c’était que donner la vie et je ne voulais pas voir la mort… Je venais d’un gang, mais ça, c’est une merde qu’on ne doit surtout pas faire, être dans un gang, si on veut survivre. C’était le moment pour moi de m’exprimer et de dire ce que je pensais vraiment. Je me foutais des ventes. 

C’est pour continuer de véhiculer ton message de paix qu’en 2013, tu as sorti la chanson No Guns Allowed ?
Oui. J’en avais marre de voir des enfants se faire tuer dans la rue. C’est pour ça aussi que deux ans plus tard, j’ai lancé ma ligue de football. Alors oui, je me suis fait un nom grâce au gangsta rap, mais je l’ai laissé derrière moi.

Le hip-hop vient de fêter ses 50 ans. En toute franchise, te considères-tu comme l’un des meilleurs rappeurs du monde ?
Pour être honnête, je crois que les gens m’apprécient plus pour ce que je suis, pour ma personnalité, que pour ma musique. Ma force, ça a été de briser le quatrième mur. Pour moi, c’est ce qui a fait la différence entre d’autres rappeurs et moi. J’ai compris très vite que ce sont les gens qui décidaient si tu deviens une star ou si tu restes dans l’ombre. J’ai toujours voulu me sentir proche des gens, leur serrer la main, les embrasser, être disponible. Je ne me suis jamais considéré comme une star, et c’est peut-être pour ça que je suis devenu une étoile dans les yeux du public…

Tu as toujours été associé au cannabis, et tu n’as d’ailleurs jamais caché aimer ça. Tu penses que tu aurais pu avoir la même carrière sans fumer ?
Est-ce que j’aurais pu sortir tous mes albums sans fumer ? Non. Je ne peux rien créer sans fumer, j’ai même fait trois enfants en tirant des lattes ! ( Rires ) Alors bien sûr, je suis capable de faire des trucs sans tirer sur un joint, mais je préfère avec. Je ne dis pas que ça augmente ma créativité, mais plutôt que ça me calme, et grâce à ça, je ne deviens pas dingue !

« Je n’ai que de l’amour et du respect pour Donald Trump ! »

Un petit mot sur la politique. L’actualité américaine est marquée par l’élection présidentielle, qui aura lieu en novembre. C’est vrai que tu apprécies Donald Trump ?
Donald Trump ne m’a rien fait de mal. Il n’a fait que de grandes choses pour moi. Il a gracié Michael Harris, le cofondateur de mon premier label, Death Row. Il était en prison pour des délits liés à la drogue, et il a été gracié. Donc je n’ai que de l’amour et du respect pour Donald Trump !

Lors d’un show télévisé sur Comedy Central diffusé en 2011, tu avais fait une blague prémonitoire en prédisant sa future élection…
Oui. On m’avait interrogé sur la possibilité que Trump se présente à la présidence et remplace les Obama. J’avais répondu : « Pourquoi pas ? Ce ne serait pas la première fois qu’il chasserait une famille noire de chez elle ! » (Rires) 

Chose assez surprenante dans ton parcours. Tu réalises des dessins animés éducatifs pour les enfants. D’où t’es venue cette idée ?
Je suis grand-père depuis 9 ans, et je voyais mes petits enfants regarder Cocomelon ( une émission télévisée pour les tout-petits, Ndlr. ) pendant des heures. Je leur demandais pourquoi ils regardaient ce programme, et ils ne me répondaient pas. Ils étaient absorbés par la télé. J’ai alors pensé que je devais faire moi aussi une émission comme celle-là pour pouvoir attirer l’attention de mes petits-enfants. 

Tu n’as que 52 ans, mais as-tu déjà pensé un jour tout arrêter et prendre une retraite tranquille ? 
Tu me parles de R. ( il ne prononce pas le mot retraite, Ndlr. )  Je n’aime pas ça ! Je dois faire d’autres choses avant de m’arrêter. Je veux que mon héritage grandisse encore pour quand je ne serai plus là…