La campagne des Républicains, menée par François-Xavier Bellamy, traverse une période de turbulence à l’approche des élections européennes. Entre tensions internes, stratégies controversées et incidents publics, le parti peine à trouver une dynamique dans les sondages. Alors que les divisions internes s’accentuent, une fronde menée par Aurélien Pradié et des jeunes députés LR menace la direction actuelle, amplifiant les incertitudes sur l’avenir des Républicains.
Alors que la campagne officielle pour les élections européennes s’achève ce vendredi, la campagne des Républicains, conduite par François-Xavier Bellamy, traverse une période tumultueuse. Marquée par des incidents et des tensions internes croissantes, la campagne peine à décoller dans les sondages, créditée en moyenne autour de 7%.
Une Campagne sous Haute Tension
François-Xavier Bellamy, figure de proue des Républicains pour ces élections, a vu sa campagne ponctuée de moments houleux. L’un des plus marquants reste son altercation devant Sciences Po avec le député LFI Louis Boyard, lors d’une manifestation étudiante en soutien à Gaza. Plus récemment, après un débat entre le Premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella, Bellamy a exprimé son agacement devant ce duel médiatisé, regrettant que l’attention soit monopolisée par le Rassemblement National et la majorité présidentielle.
Malgré ces efforts, la campagne des Républicains n’a pas réussi à susciter l’enthousiasme dans les sondages. Cette situation génère un véritable stress et une crainte palpable en interne. Un membre de l’entourage du président des Républicains, Éric Ciotti, confiait il y a quelques semaines à Entrevue : « Dépasser le seuil de 5 % est notre objectif ; maintenir les 8 élus actuels serait considéré comme une victoire. Mais réaliser un score dépassant les 10 % serait une immense victoire, comme si on faisait 100 %. »
Les Divisions Internes Éclatent au Grand Jour
Un récent incident a mis le feu aux poudres au siège des Républicains. La publication sur les réseaux sociaux d’un visuel appelant l’Algérie à « reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF » a suscité de vives tensions internes. Éric Ciotti, semble-t-il, cherche à séduire l’électorat de Reconquête, ce qui a provoqué une levée de boucliers chez plusieurs figures du parti. Ces dernières craignent que cette stratégie ne compromette les valeurs fondamentales des Républicains.
Parmi les plus virulents opposants à cette publication, des proches de François-Xavier Bellamy et plusieurs parlementaires proches du député Aurélien Pradié ont demandé à Ciotti d’« arrêter d’imiter l’extrême droite pour le buzz ». Selon eux, cette communication outrancière risque d’éloigner une partie de leur base électorale. Des cadres et élus du parti se divisent donc entre ceux qui soutiennent une stratégie « à droite toute » et ceux qui prônent une modération du discours.
Le député LR Ian Boucard a également pris position contre cette stratégie en tweetant : « La Droite Républicaine ne devrait pas essayer d’imiter les populistes en espérant gratter quelques voix. La campagne menée courageusement par François-Xavier Bellamy montre que nous pouvons faire bien mieux. » Son message a été largement soutenu par d’autres parlementaires LR, dont Valérie Boyer, Max Brisson, et Pierre Cordier, ainsi que par certains salariés du parti. Cependant, ce soutien public a provoqué des frictions internes, les équipes de Ciotti prenant à partie certains salariés, les accusant de relayer des propos contraires à la ligne officielle du parti. Ces échanges houleux ont exacerbé les tensions entre les camps pro-Ciotti et anti-Ciotti.
La Fronde d’Aurélien Pradié
Au cœur de cette tourmente, Aurélien Pradié, député du Lot et ex-secrétaire général du parti, mène une fronde contre la direction actuelle. Évincé de son poste de vice-président exécutif par Éric Ciotti en raison de ses prises de position contre la réforme des retraites, Pradié prépare depuis plusieurs mois son retour, entouré de jeunes députés comme Pierre-Henri Dumont, Julien Dive, et Raphaël Schellenberger…. Cette bande de trentenaires, élus ensemble pour la première fois en 2017, multiplie les réunions pour préparer l’avenir et prévoit selon nos information de se réunir ce samedi à la veille du scrutin pour peaufiner leur stratégie.
Ces jeunes députés ne supportent plus la politique menée par Éric Ciotti, qu’ils considèrent comme un fantôme, absent et trop axé sur des buzz sans fond. Certains estiment même qu’un très mauvais score aux Européennes servirait leur cause, leur plan étant d’appeler à la démission d’Éric Ciotti en cas de contre-performance électorale.
Une Direction Déconnectée ?
Il y a quelques jours, une nouvelle controverse avait éclaté lorsque l’équipe d’Éric Ciotti a été vue sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Des photos montrent des membres de son cabinet en tenue de gala, suscitant des critiques alors que de nombreux militants travaillent d’arrache-pied sur le terrain. Le voyage à Cannes aurait été financé par le parti, bien que cette information n’ait pas été confirmée par le service comptable. Cette situation aggrave les tensions internes, renforçant l’idée d’une direction déconnectée de la base militante.
François-Xavier Bellamy, de son côté, continue de mener une campagne intense. Cependant, les accusations de manque d’engagement à l’encontre de Ciotti et son équipe persistent, exacerbant les divisions au sein du parti.
Quel avenir ?
Alors que les Républicains se dirigent vers une échéance électorale cruciale, le parti est en proie à des luttes intestines et des stratégies divergentes. La pression pour franchir le seuil des 5 % et sauver l’honneur du parti est immense, mais les querelles internes et les controverses récentes ne font qu’ajouter à l’incertitude. Les heures et les jours à venir seront décisifs pour l’avenir des Républicains, et le putsch se prépare déjà en coulisses.