« Je méprise 2 millions de personnes ! » Thierry Ardisson perd ses nerfs. Pourquoi déteste-t-il autant Cyril Hanouna ? Entrevue vous dévoile les vraies raisons

21 octobre, 2024 / Jerome Goulon

C’est un clash qui a beaucoup fait parler ce week-end. Thierry Ardisson, qui était l’invité de C médiatique, sur France 5, a une nouvelle fois sorti la sulfateuse contre Cyril Hanouna, comme il en est coutumier depuis des mois. Alors qu’il débattait avec Sarah Saldmann, l’homme en noir a déclaré : «Quand Vincent Bolloré m’a viré de C8, plus de 100 personnes se sont retrouvées au chômage dans sa boite de production. Là, on parle de 300 personnes, et ça ne dérange pas« , ajoutant : «Cyril Hanouna, c’est une star, mais une star dangereuse ! Donner une émission politique à Hanouna, c’est comme donner une mitrailleuse à un gosse de 12 ans, parce qu’il dit n’importe quoi et n’a aucune culture. Vous lui dites Munich, et il pense que c’est la capitale de la Bavière. Je méprise les 2 millions de personnes qui le regardent ! Sa seule idée, c’est d’avoir mis quatre connards autour d’une table. Raymond, ce n’est pas un connard ?»…

Ces attaques ne sont pas sans rappeler celles de décembre dernier. Au cours de plusieurs violentes sorties médiatiques sur France Inter, Sud Radio ou encore TMC, Thierry Ardisson n’avait pas mâché ses mots envers Cyril Hanouna, sa cible préférée. Il avait notamment affirmé que Hanouna ne disait «que des conneries», qu’il était une «racaille inculte», «un type sans éducation», «imbu de lui-même» qui «insultait les gens», ajoutant qu’il ne comprenait pas qu’un milliardaire comme Bolloré «laisse sur sa chaîne dire des conneries pareilles», accusant par ailleurs le groupe Bolloré d’être « esclavagiste ». 

Ces nombreuses saillies de Thierry Ardisson contre Cyril Hanouna ne sont évidemment pas restées sans réponse. Dans TPMP !, Baba avait répondu fermement, lançant : «Thierry, quand tu n’es plus dans le coup, il faut arrêter, il faut planter des poireaux dans son jardin et faire un potager»  révélant par la suite : «Ardisson m’a léché le cul pendant des années. Il me connaissait même pas, il m’a invité à son mariage. Pendant des années, mon cul c’était une peau de chamois tellement il l’a lustré.» Des propos qui interrogent sur la profonde haine que semble vouer Thierry Ardisson à Cyril Hanouna. Entrevue vous en révèle les raisons…

Quand l’élève dépasse le maître

Pour bien comprendre l’animosité de Thierry Ardisson envers Cyril Hanouna, il faut remonter en arrière. En 2006 précisément. Cette année-là, Thierry Ardisson  doit quitter France 2, refusant une règle d’exclusivité que veut lui imposer la chaîne. Après avoir présenté Tout le monde en parle de 1998 à 2006, c’est donc la fin d’une aventure incroyable qui a fait de Thierry Ardisson un incontournable de l’époque, un intouchable qu’il ne faut pas critiquer sous peine de ne pas être invité. Politiques, ministres, journalistes, philosophes, écrivains, acteurs, chanteurs… Durant cette période, tout le monde se rue dans Tout en parle, l’émission où il faut être vu, « the place to be ». À cette époque, Thierry Ardisson fait de la télé, et il le fait bien. Pour faire un parallèle, il est alors un peu le Cyril Hanouna d’aujourd’hui : pour faire parler de soi, c’est chez lui qu’il faut être. Alors forcément, quand la page se tourne, Ardisson doit rebondir. Et ce rebond va se produire sur Canal+. En 2006, l’homme en noir lance Salut les Terriens!, sur Canal+. Et l’émission fonctionne plutôt bien, puisqu’elle va atteindre 1,7 million de téléspectateurs, soit 8,3% de part de marché. 

Quand Ardisson arrive chez Canal, Cyril Hanouna n’est de son côté pas encore la star qu’il est aujourd’hui, puisqu’il n’est encore qu’un second couteau de France Télévisions. Mais au fil des années, les trajectoires vont s’inverser. En 2012, Cyril Hanouna quitte France 4 et rejoint le groupe Canal+, qui lance au mois d’octobre sa nouvelle chaine D8 ( qui deviendra C8 ). Il y présente une nouvelle formule de Touche pas à mon poste !, qui démarre alors sa quatrième saison après trois premières passées sur France Télévisions. Quatre ans plus tard, en 2016, alors que les audiences de Cyril Hanouna s’envolent et que Vincent Bolloré a signé l’année précédente un contrat de 250 millions d’euros sur cinq ans avec H2O pour garder Hanouna - ce qui représente la moitié du coût de la chaîne - l’émission de Thierry Ardisson est transférée de Canal+ à C8. Le groupe veut en effet propulser la chaîne, qui vient d’acquérir son nouveau nom, à coups de renforts tel que Ardisson, Benjamin Castaldi, Cauet, Guillaume Pley ou encore Daphné Bürki, star de Canal à l’époque grâce au Grand Journal, qu’elle co-présentait avec Michel Denisot.

Hanouna, l’homme indispensable

Problème, du moins pour certains : très rapidement, malgré l’arrivée de tous ces renforts, c’est à un seul homme que C8 va devoir la plus grande partie de son succès: Cyril Hanouna. En interne,  le fait qu’on lui ait alloué la moitié du budget de la chaîne fait grincer quelques dents, guerre d’ego oblige. Mais le pari de Bolloré est un succès. Rapidement, ‘Baba’ s’impose comme la tête d’affiche incontournable, la vraie locomotive des audiences, faisant passer tous les autres animateurs pour des seconds couteaux. Une situation pas vraiment habituelle pour Thierry Ardisson, qui goûte peu de partager le leadership.

Aussi, en 2019, alors que le temps d’antenne de Cyril Hanouna ne cesse de grimper, quand Vincent Bolloré propose à Thierry Ardisson de conserver son émission, mais pour la moitié du budget seulement ( 5 millions d’euros par an pour deux émissions par semaine au lieu de 10 millions précédemment ), c’est la goûte de trop pour l’homme en noir, qui claque la porte du groupe Canal+. Étrangement, Alors que Vincent Bolloré semblait trouver toutes les grâces auprès de Thierry Ardisson quand il bénéficiait d’une enveloppe de 10 millions d’euros par an, ce même Bolloré devient soudainement pour Ardisson un «esclavagiste»  quand ladite enveloppe passe à 5 millions… Dès lors, c’est la guerre ouverte. Ardisson a été blessé sur deux choses qui lui tiennent à cœur : son ego et son portefeuille. Et pour couronner le tout, sa nouvelle émission, Hôtel du temps, diffusée sur France 3, n’a pas eu le succès espéré, et la décision de l’arrêter a été prise après seulement deux numéros.

L’aigreur du déclin ?

S’il a été un grand homme de télé, Thierry Ardisson fait donc aujourd’hui feu de tout bois contre son ancien patron, Vincent Bolloré, et celui qui s’est assis sur le trône du boss : Cyril Hanouna. Quitte à manquer de cohérence dans son argumentaire. Thierry Ardisson reproche en effet à Cyril Hanouna d’être une « racaille imbue de lui-même » et « d’insulter tout le monde ». Un comble pour celui qui descendait avec mépris et condescendance ses propres invités après l’enregistrement de Tout le monde en parle, sur les sièges cossus de l’Hôtel Costes à Paris. Un comble également pour un homme qui n’a jamais eu sa langue dans sa poche, faisant parfois preuve de méchanceté gratuite. On se souvient par exemple de sa moquerie sur le poids de Laurence Boccolini, quand il déclarait à l’antenne, dans Salut les Terriens !, le 1er juin 2015, qu’en pesant 120 kg, Sébastien Chabal pouvait présenter Money Drop. On se souvient aussi qu’en 2016, dans Le Parisien, Ardisson avait critiqué Michel Drucker en déclarant : «Certains invités vont à la facilité : c’est plus facile d’aller se faire sucer chez Drucker qu’emmerder chez Ardisson». Des propos pas tellement humbles pour quelqu’un qui reproche à Hanouna d’être imbu de lui-même… Et des exemples comme ceux-là, il y en a beaucoup d’autres… Sans parler de ses allusions douteuses, comme le montre une vidéo de 1995 dans laquelle il plaisantait tout sourire avec Gabriel Matzneff et Frédéric Beigbeder sur des relations sexuelles avec «une gamine de douze ans et demi.» Les «conneries», qu’Ardisson reproche à Cyril Hanouna, ne sont visiblement pas le monopole des autres…