Aliyev (Azerbaïdjan) annonce publiquement vouloir annexer l’Arménie

Entrevue 1

Ilham Aliyev menace. Lors de son interview annuelle aux médias d’Etat, le Président de l’Azerbaïdjan a renouvelé publiquement son désir d’annexer l’Arménie, pays voisin. La petite démocratie est en danger face à la dictature gazière.

Où s’arrêtera Ilham Aliyev ? Alors que son pays est englué dans les dernières places des classements internationaux en terme de droits de l’Homme, droits de la presse, droits des femmes et qualité de vie pour la population, le Président azéri continue d’utiliser l’expression « l’Azerbaïdjan occidentale » pour parler de l’Arménie. Comme si ce territoire lui appartenait déjà.

Pour rappel, les Arméniens vivent sur leurs terres ancestrales, rognées par les différentes guerres. L’Azerbaïdjan est un pays récent, né en 1918 sous Staline. Indépendant depuis 1991, ce pays est sous le joug de la famille Aliyev. Déclaré « partenaire de confiance de l’UE » par la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, Ilham Aliyev a profité des difficultés de l’Union Européenne avec la Russie pour s’offrir une légitimité. Alors même que le gaz russe est acheminé via l’Azerbaïdjan en direction de l’Europe…

Il y a deux ans, le dictateur Aliyev avait promis de se concentrer sur l’Arménie une fois que le problème du Haut-Karabakh serait « résolu« . Il avait prévenu qu’il attaquerait la République autonome d’Artsakh, il l’a fait. Sans que le monde ne bouge, envoyant des djihadistes au front et utilisant des armes de guerre interdites, comme les bombes au phosphore. Maintenant que « le Haut-Karabagh a été nettoyé ethniquement« , ce sont ses termes (l’Azerbaïdjan a réalisé une épuration ethnique en Artsakh, ou Haut Karabagh, en septembre 2023), il souhaite annexer l’Arménie, qu’il considère comme la « communauté occidentale de l’Azerbaïdjan« .

De même, il réinvente l’Histoire, faisant croire que l’Arménie actuelle est une terre azérie. Les pires mensonges en provenance d’un des pires dictateurs.

La réaction du Premier ministre arménien était très attendue. L’Arménie, petite démocratie de 3 millions d’habitants, n’a aucune chance face à l’impressionnante armée azérie et aux djihadistes engagés pour faire le sale boulot.

Via l’agence Armenpress, Nikol Pashinyan a réagi aux déclarations mensongères et agressives du voisin. « 𝐽𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝐵𝑎𝑘𝑜𝑢 𝑒𝑠𝑠𝑎𝑦𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑟𝑒́𝑒𝑟 𝑢𝑛𝑒 ‘𝑙𝑒́𝑔𝑖𝑡𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒́’ 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑢𝑛𝑒 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑒𝑠𝑐𝑎𝑙𝑎𝑑𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑔𝑖𝑜𝑛 », estime le Premier ministre.

En position de faiblesse, il ne souhaite pas tomber dans le jeu adverse et créer une escalade : « 𝑁𝑜𝑢𝑠 𝑛’𝑒𝑚𝑝𝑟𝑢𝑛𝑡𝑒𝑟𝑜𝑛𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑙𝑎 𝑣𝑜𝑖𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑎𝑔𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑣𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑟𝑒𝑠𝑡𝑒𝑟𝑜𝑛𝑠 𝑎𝑡𝑡𝑎𝑐ℎ𝑒́𝑠 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑠𝑡𝑟𝑎𝑡𝑒́𝑔𝑖𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑖𝑥 𝑒𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑠𝑢𝑖𝑣𝑟𝑜𝑛𝑠 𝑠𝑦𝑠𝑡𝑒́𝑚𝑎𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑚𝑖𝑠𝑒 𝑒𝑛 œ𝑢𝑣𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙’𝑎𝑔𝑒𝑛𝑑𝑎 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑖𝑥 ».

Selon lui, « l’𝐴𝑟𝑚𝑒́𝑛𝑖𝑒 𝑎 𝑠𝑜𝑢𝑚𝑖𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑟𝑛𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑎𝑟𝑡𝑖𝑐𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑠𝑢𝑠𝑝𝑒𝑛𝑠 𝑑𝑢 𝑇𝑟𝑎𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑒̂𝑡𝑠 𝑎̀ 𝑙𝑒 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒𝑟 𝑠𝑖 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑝𝑜𝑛𝑠𝑒 𝑑𝑒 𝑙’𝐴𝑧𝑒𝑟𝑏𝑎𝑖̈𝑑𝑗𝑎𝑛 𝑎̀ 𝑛𝑜𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑒𝑠𝑡 𝑓𝑎𝑣𝑜𝑟𝑎𝑏𝑙𝑒 ».

L’Azerbaïdjan revendique ouvertement l’annexion du sud de l’Arménie via la création du corridor de Zanguezour (bizarerie géographique laissée par Staline en cadeau de départ puisqu’une partie de l’Azerbaïdjan, le Nakhitchevan, est situé à l’ouest de l’Arménie) afin de relier l’Azerbaïdjan. À cela, Nikol Pashinyan a répondu clairement : « 𝐿𝑎 𝑅𝑒́𝑝𝑢𝑏𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑑’𝐴𝑟𝑚𝑒́𝑛𝑖𝑒 𝑎 𝑚𝑖𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑙𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑗𝑒𝑡 ‘𝐶𝑎𝑟𝑟𝑒𝑓𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑖𝑥’ 𝑒𝑡 𝑠’𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒̂𝑡𝑒 𝑎̀ 𝑙𝑒 𝑚𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒 𝑒𝑛 œ𝑢𝑣𝑟𝑒. 𝐼𝑙 𝑛’𝑦 𝑎 𝑝𝑎𝑠 𝑑’𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑗𝑒𝑡 𝑎̀ 𝑙’𝑜𝑟𝑑𝑟𝑒 𝑑𝑢 𝑗𝑜𝑢𝑟. 𝐿𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑗𝑒𝑡 ‘𝐶𝑎𝑟𝑟𝑒𝑓𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑖𝑥’ 𝑖𝑚𝑝𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑙’𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑣𝑜𝑖𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑢𝑛𝑖𝑐𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑔𝑖𝑜𝑛 ». Les routes seraient donc accessibles aux Azéris sans pour autant leur concéder le territoire en question.

Summum du toupet d’Ilham Alyiev, le dictateur exige que l’Arménie stoppe sa « course à l’armement ». Hors le PIB de l’Arménie n’est même pas égal au budget d’armement de l’Azerbaïdjan… David contre Goliath. Alyiev cherche uniquement des prétextes pour attaquer. Pashinyan répond fermement : « 𝐼𝑙 𝑛’𝑦 𝑎 𝑝𝑎𝑠 𝑢𝑛 𝑠𝑒𝑢𝑙 𝑒́𝑙𝑒́𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑖𝑙𝑙𝑒́𝑔𝑖𝑡𝑖𝑚𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙’𝑎𝑔𝑒𝑛𝑑𝑎 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑟𝑒́𝑓𝑜𝑟𝑚𝑒𝑠 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝐴𝑟𝑚𝑒́𝑛𝑖𝑒. 𝑃𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑒𝑠𝑡𝑒𝑟 𝑙𝑒 𝑑𝑟𝑜𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑅𝑒́𝑝𝑢𝑏𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑑’𝐴𝑟𝑚𝑒́𝑛𝑖𝑒 𝑎̀ 𝑑𝑖𝑠𝑝𝑜𝑠𝑒𝑟 𝑑’𝑢𝑛𝑒 𝑎𝑟𝑚𝑒́𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑎𝑝𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑓𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑛𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑖𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑎𝑖𝑛 ».

Mais qui pourra réellement empêcher le dictateur azéri d’assouvir ses rêves les plus fous ? Certainement pas l’allié turc. Ni la Russie, empêtrée dans la guerre en Ukraine. Et encore moins l’Europe, qui apparaît si faible actuellement.

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