Une grève inédite des femmes catholiques pour dénoncer les inégalités dans l’Église

Entrevue 1

À partir de ce mercredi 5 mars et jusqu’au 12 avril, un mouvement sans précédent prend forme : des femmes engagées dans l’Église catholique suspendent leur participation aux activités paroissiales pour dénoncer les inégalités persistantes entre hommes et femmes au sein de l’institution.

Dans de nombreuses paroisses, les femmes jouent un rôle essentiel en animant la catéchèse, en préparant les célébrations et en accompagnant les familles en deuil. Pourtant, elles restent exclues des instances de décision et des fonctions sacerdotales. Ce constat a conduit à l’initiative « Catholic Women Strike », un appel à la grève mondiale lancé par l’association américaine Women’s Ordination Conference (WOC) et relayé en France par le Comité de la jupe, une organisation féministe catholique.

Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité du Synode sur la synodalité, achevé en octobre 2024 à Rome. Nombreuses sont celles qui ont perçu comme une trahison l’absence de décision sur l’ouverture du diaconat aux femmes et le manque d’engagement pour une réforme de la gouvernance ecclésiale. « Le Carême est un temps de jeûne et de prière. Cette année, nous jeûnons du sexisme et du patriarcat pour une Église plus juste », déclare Kate McElwee, directrice exécutive de la WOC.

Plusieurs associations féministes catholiques en Europe et aux États-Unis ont rejoint l’appel, notamment la Ligue suisse des femmes catholiques (SKF). Elles dénoncent les discriminations structurelles qui empêchent les femmes d’accéder aux responsabilités et à l’ordination, un sujet longtemps écarté par le Vatican.

L’Église, fidèle à la doctrine réaffirmée par Jean-Paul II dans sa lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis en 1994, continue d’exclure les femmes du sacerdoce, une position confirmée par ses successeurs Benoît XVI et François. Les militantes accusent cependant la hiérarchie de repousser indéfiniment le débat et de maintenir un statu quo au détriment d’une réforme nécessaire.

Bien que minoritaire, cette grève inédite bénéficie d’un écho médiatique qui pourrait peser sur les futurs débats synodaux. En suspendant leur engagement, ces femmes souhaitent mettre en lumière leur rôle fondamental dans la vie ecclésiale et interpeller l’Église sur la nécessité d’une réelle égalité.

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