Des coups de téléphone pour une mise au point. DAZN n’est pas satisfait. Les téléspectateurs et amateurs de football français non plus, visiblement. Les parties sont-elles réconciliables ? C’est un peu le sujet des échanges de fin d’année entre DAZN et la Ligue de Football Professionnel (LFP), confirmés par RMC ce lundi soir.
Diffuseur de la Ligue 1 en catastrophe depuis cet été, contre un montant de 400M d’euros par saison sur 5 ans, DAZN n’est pour l’instant pas du tout dans les clous financièrement. En débarquant avec un catalogue de contenus très maigre (le basket français, le football français et du MMA de temps en temps) et un abonnement hors de prix (jusqu’à 40 euros par mois !), DAZN s’est tiré une balle dans le pied. Les efforts commerciaux sont réels, diminution du prix de l’abonnement par deux, mais bien tardifs pour regagner la confiance des fans de football français.
D’autant que, comme révélé par Entrevue, le prix de l’abonnement avait surtout été fixé pour rassurer les actionnaires et investisseurs, soucieux de voir DAZN dans le vert en 2024 pour la première fois depuis la création du « Netflix du sport » en 2014. Avec l’investissement de dernière minute dans le football français, il a fallu être convaincant en interne. Le mirage du million d’abonnés en quelques mois a fonctionné auprès des actionnaires, pas auprès du public français.
Avec un démarrage poussif en nombre d’abonnés, DAZN a donc prévenu la LFP : la plateforme souhaite renégocier son contrat de 400 millions d’euros annuels en moyenne.
La production télé n’a pas été au niveau attendu en début de saison, les téléspectateurs se sont sentis floués par la diffusion et par la programmation, bref, personne n’est heureux. Alors comment réconcilier tout ce beau monde ? Pour la survie du football français. Dont de nombreux clubs sont actuellement dans le rouge (vif). Les droits TV ayant été divisé par 3 ou 4 selon les villes.
RMC Sport annonce qu’en novembre dernier DAZN totalisait environ 400 000 abonnés. Bien loin du million. Et de la rentabilité. Mais DAZN n’est pas résigné, de nouvelles émissions ont vu le jour récemment, comme pour montrer que le média est à l’écoute des demandes des supporters de football. Et de l’ère du temps. Le « Mag Live » et le multiplex « MultiZone » ont été lancés, il leur faudra un peu de temps afin de trouver leur public.
L’ennemi commun reste le piratage, dont certains avancent des chiffres alors qu’il est strictement impossible de savoir exactement combien de Français regardent la Ligue 1 via l’IPTV. Qu’ils soient abonnés mobile, tablette ou télé, ce procédé est malheureusement assez intraçable. Les estimations ne peuvent être qu’ « à la louche », des comparaisons avec les saisons précédentes.
Faire la guerre aux pirates est une tentative vaine. Ils ont toujours un coup d’avance. L’industrie de la musique a essayé pendant des années, au début du siècle, sans succès. La bonne formule pour faire diminuer le piratage et générer des abonnements a été d’offrir un grand bouquet de contenus à un prix raisonnable. Comme Deezer ou Spotify. Le piratage n’est pas un souhait pour la majorité des gens. Elle correspond finalement à un choix par défaut, faute de moyens suffisants.
Mais avant que l’industrie du football ne se métamorphose, il faudra encore un peu de temps. DAZN n’en a pas. Une clause de sortie a été signée. Elle peut être activée au 1er décembre 2025. Pour être automatiquement validée, il faut que la plateforme soit en-dessous des 1,5 million d’abonnés. Un palier qui semble totalement inaccessible.
Bien conscient de la situation difficile, DAZN souhaite donc renégocier son contrat de 400M d’euros par saison. Encore un coup dur pour les clubs et la LFP. Si le média activait sa clause de sortie, alors beIN sports en ferait automatiquement autant. Qui sauvera le football français ?
