Canard enchaîné : racisme décomplexé, méthodes douteuses, déontologie aux oubliettes. Quand l’hebdomadaire satirique se prend les pieds dans ses propres palmes
Fondé en 1915 et ayant basculé de la satire à l’information, Le Canard enchaîné est réputé pour sa liberté de ton et la révélation de nombreux scandales. Se gargarisant de ne toucher aucune subvention et d’être donc totalement libre, l’hebdomadaire est-il pour autant exempt de tout reproche et véritablement rigoureux et impartial dans ses « enquêtes » ? Rien n’est moins sûr… La diffusion de deux articles sur un concert de musique classique pour la paix, l’un daté de ce jour et l’autre publié la semaine dernière, témoigne en effet de méthodes douteuses laissant apparaître une mauvaise foi et une certaine hypocrisie qui fait planer le doute sur la crédibilité du journal…
EMMANUEL SAVOYE : LA CROISIÈRE S’AMUSE
Emmanuel Savoye, journaliste, pianiste et compositeur, collabore avec Le Canard enchaîné depuis 2015, et a intégré la rédaction cette année. Dans un premier article publié la semaine dernière sur le ‘Concerto pour la paix’, joué au théâtre des Champs-Élysées, le journaliste ne manque pas, par ses insinuations , de critiquer tout le faste qui a entouré ce concert, jetant l’opprobre sur tout ce qui touche à l’argent et Dubai. De la critique facile et gratuite dans le seul but de nuire, sans aucun fondement journalistique ni réel argument, le tout teinté de ce qui pourrait s’apparenter à du racisme décomplexé, quand il dénonce dans le concert une « soupe pseudo-orientalisante ». La musique était-elle trop arabisante pour lui ?
Des critiques étonnantes quand on sait de qui elles émanent. Sur son profil LinkedIn, Emmanuel Savoye, on le rappelle également pianiste et compositeur, se vente de « jouer régulièrement sur des croisières de luxe, en tant que pianiste solo ». On apprend notamment que durant trois mois, de novembre 2013 à janvier 2014, il a été pianiste à bord du bateau MS Europa 2 pour Hapag Lloyd Cruises. Une compagnie de croisière de luxe allemande dont le prix des billets peut facilement dépasser les 10 000 euros par passager. Hasard croustillant du destin, on apprend qu’il a joué à bord de la croisière Dubai – Singapour – Hong Kong. Ce même Dubai qu’il évoque en se pinçant le nez dans Le Canard, mais qu’il semble fréquenter sans se poser de questions quand il s’agit de mettre du beurre dans ses épinards, ou plutôt dans son canard…
Fait étonnant : alors qu’il se gargarise de « jouer régulièrement sur des croisières de luxe », Emmanuel Savoye ne donne pas de détails sur ses autres croisières. Donner le détail des croisières de luxe sur lesquelles on travaille ferait-il mauvais genre quand on est soi-même journaliste au Canard enchaîné en charge d’enquêter sur le monde de la musique ? Les clients et l’opulence de ces croisières seraient-ils gênants ? La question sur ce flou mystérieux est posée…
Autre parenthèse : on apprend également qu’Emmanuel Savoye, que le monde des paillettes et de l’opulence semble tant déranger, a joué en tant que pianiste pendant 9 ans, de 1998 à 2007, dans de grands hôtels parisiens tel que l’InterContinental, dont le prix d’une simple nuit d’hôtel se situe autour des 1 000 euros. Nul doute que le foie du canard est bien gras, et après tout, tant mieux pour lui !
LE CANARD MASQUÉ
Ce mercredi 25 septembre, une semaine après le premier article, Le Canard enchaîné en a remis une couche. Cette fois-ci, l’article s’indigne des sommes dépensées pour ce concert. Et là encore, les noms d’oiseaux fusent. Quitte à faire preuve d’hypocrisie et de mauvaise foi.
Cette fois-ci, l’article n’est pas signé Emmanuel Savoye, mais des initiales L.C. Ces initiales désignent en réalité Louise Colvert ( ou par le passé Louis Colvert ), un pseudo utilisé par la rédaction du Canard enchaîné quand elle ne souhaite pas signer les articles, comme le révélaient Erik Empatz et Louis-Marie Horeau, alors rédacteurs en chef du Canard enchaîné, dans une interview aux Inrocks publiée en 2016.
Emmanuel Savoye, journaliste au Canard et pianiste, n’assumerait-il plus ses critiques ? La rédaction du Canard aurait-elle réalisé qu’il n’était peut-être pas le plus légitime pour faire des procès d’intention faciles et gratuits sur l’argent et Dubai, lui, Emmanuel Savoye, qui a été payé pour jouer devant des gens fortunés à bord d’une croisière de luxe au départ de Dubai ?
La question peut se poser, et une chose est sûre : Le Canard enchaîné, qui aime dénoncer le manque de transparence, fait soudainement preuve d’un étrange flou artistique à son tour.
L’ARROSEUR ARROSÉ
Si la liberté de la presse est un droit fondamental et qu’il est heureux qu’en France, on puisse tout dire ou tout écrire, la méchanceté gratuite et les insinuations douteuses dont ont fait preuve Emmanuel Savoye et Le Canard enchaîné envers un homme qui n’a fait que prôner un message de paix -sans rien demander à personne- posent question. Et qu’un journaliste comme Emmanuel Savoye, qui plus est lui-même pianiste et compositeur, dénigre à ce point, de façon totalement méchante et gratuite, le talent d’un autre pianiste, qui se réfugiait sous son piano durant la guerre pour échapper aux bombes, ça interroge forcément sur les véritables intentions. Est-il plus facile de dénigrer les autres que d’accomplir soi-même des choses ? Très certainement. La jalousie serait-elle un mauvais guide ? Probablement…
En 2021, Emmanuel Savoye a publié son premier roman, Le moine et le braqueur. Selon les données d’Edistat, qui réalise les statistiques de l’édition, il n’a vendu que 165 livres. Son Drôle de Dico de la musique, coécrit avec Marc Hilman, s’est écoulé à seulement 2 333 exemplaires selon Edistat. Quant à Jazz ten, un recueil d’œuvres de piano, sorti en 2004, Edistat indique 3 ventes pour Emmanuel Savoye. Pas de quoi pavoiser dans la mare au canard…
Dira-t-on de lui qu’il fait de la mauvaise soupe ? Nul besoin, il le sait probablement déjà lui-même…