Pourquoi il ne faut pas passer à côté de Miséricorde, film choc des César 2025

Entrevue 1

Huit nominations aux César 2025, un réalisateur au regard singulier et une atmosphère troublante : Miséricorde d’Alain Guiraudie ne laisse personne indifférent. Ce drame teinté de mystère suit Jérémie (Félix Kysyl, en lice pour la Révélation masculine), de retour dans son village natal pour un enterrement. Ce qui devait être un bref passage se transforme en une installation progressive chez Martine (Catherine Frot), la veuve du défunt, sous le regard méfiant de son fils Vincent (Jean-Baptiste Durand). Entre tensions latentes, désirs tus et secrets enfouis, ce récit à la croisée du polar et du drame psychologique nous entraîne dans un jeu de faux-semblants où chaque personnage semble cacher quelque chose.

L’une des grandes forces du film réside dans son ambiance oppressante, sublimée par la photographie de Claire Mathon, également nommée aux César. La mise en scène précise d’Alain Guiraudie joue avec l’ombre et la lumière pour distiller un climat d’incertitude, tandis que le scénario, plein de silences et d’implicite, maintient une tension permanente. À travers le personnage insaisissable de Jérémie, le film interroge la frontière entre innocence et culpabilité, entre attirance et menace. Félix Kysyl incarne avec brio cette ambiguïté, livrant une performance nuancée qui fait de lui l’une des révélations de l’année.

Miséricorde n’impose jamais de jugement sur ses protagonistes, laissant le spectateur naviguer dans une zone grise où la morale traditionnelle semble s’effacer au profit du doute et du désir. Un film captivant, déroutant et fascinant, qui mérite largement ses nombreuses nominations et une place parmi les œuvres marquantes du cinéma français contemporain.

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