Hubert Guérin est un spécialiste du concours Miss France. Collaborateur de Geneviève de Fontenay depuis plusieurs années, il prépare actuellement un livre sur l’histoire de Miss France, à paraître fin 2022. Un livre qui contiendra des révélations explosives qui font trembler Miss France et Sylvie Tellier. Interview…
Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)
Jérôme Goulon : Vous préparez un livre sur les Miss France ?
Hubert Guérin : En effet. Je suis collaborateur de Geneviève depuis plusieurs années, et je prépare un livre sur Miss France, à paraître fin 2022. C’est un concours fascinant, à l’apparence magique, mais dans lequel tous les coups sont permis et le moindre faux pas est fatal. Ce concours a influé sur l’histoire de notre pays. Écrire l’histoire d’un concours de beauté, c’est écrire l’histoire de la société qui l’a façonné.
Beaucoup de Miss France ont participé à votre livre ?
Environ 35 ! Ce qui est assez inédit… Pour vous donner une idée, lors de la cérémonie du centenaire, ils ont réussi à regrouper 25 Miss France.
Toutes les Miss que vous avez contactées ont accepté de participer à votre livre ?
Non… J’ai des difficultés avec celles qui firent scandales ou qui ont des choses à cacher. Mais la plupart répondent avec une grande gentillesse, très reconnaissantes de cette écharpe qui a changé leur vie.
Miss France a été en effet marqué par des scandales, notamment les photos sexy diffusées dans Entrevue. Pourtant, sans ces scandales, certaines Miss n’auraient jamais eu la même notoriété…
C’est vrai, certaines assument, d’autres non. Valérie Bègue fait partie des Miss qui assument aujourd’hui ses photos. Elle sait que grâce à elles, elle est entrée dans l’histoire de Miss France. Ça a été la chute de l’ancien régime, le début de la fin du règne de Geneviève de Fontenay. En revanche, des filles comme Lætitia Bléger n’assument pas. Lætitia Bléger m’a carrément posé un lapin pour le bouquin, car elle ne veut pas évoquer ses photos. Alors que si on a autant parlé d’elle, c’est grâce à ses photos !
Pourquoi a-t-elle peur de reparler de ses photos ?
Les Miss qui ont fait des photos sexy assument, mais seulement jusqu’à la publication de la photo. À partir du moment où la photo est publiée, elles n’assument plus, prétendent que le journaliste est véreux, le photographe pourri… Pourquoi ? Parce qu’une pression sociale énorme leur tombe dessus instantanément. Elles sont Miss France à vie, et Miss France est une ambassadrice du charme, pas du porno…
Vous allez évoquer ces scandales dans votre ouvrage, dans lequel il y aura aussi des révélations explosives. Votre livre fait peur aux Miss ?
Oui, clairement ! Mon livre fait peur à tout le monde. À TF1, on m’a dit que j’étais capable de faire péter l’organisation de Miss France.
Pourquoi faites-vous peur ?
Je suis collaborateur de Geneviève de Fontenay. Et Geneviève de Fontenay, niveau dossiers, c’est l’équivalent du FBI ! ( Rires ) Elle a toutes les archives. Elle conserve des dossiers sur chaque Miss depuis 1970. Et les dossiers sont fournis. Je sens que Madame de Fontenay fait toujours peur à certaines. Je connais donc beaucoup de choses sur le concours et les coulisses. Des éléments n’ont jamais été révélés.
Comme quoi, par exemple ?
Certaines Miss n’auraient jamais dû être élues Miss France, dans les années 1990 et 2000…
Dites-nous en plus…
Il est arrivé qu’avant certains couronnements, Geneviève de Fontenay visait les procès verbaux de l’élection. Ne serait-ce que pour savoir à qui remettre l’écharpe, mais aussi parfois pour envoyer une ancienne Miss vers le jury afin de donner son avis, et potentiellement influencer les votes ! Et ça, les Miss le savent très bien. Leur hantise, c’est que ce soit révélé… Par ailleurs, des Miss élues il y a 20 voire 30 ans ont encore peur que des photos que la morale réprouve, faites avant leur élection, soient publiées et se retrouvent au cœur d’un scandale qui brise une réputation.
Et la société Miss France, elle a peur de votre livre ?
Avec la société Miss France, il y a un vrai problème. Il y a une culture du secret choquante. On ne connaît pas son chiffre d’affaires précis. On ne connaît pas la somme que ça rapporte à TF1, alors que c’est une entreprise qui se fait beaucoup d’argent. En revanche, je tiens quand même à préciser que Banijay, qui produit actuellement le concours, a joué la transparence totale avec moi. Frédéric Gilbert, le producteur artistique, a même été dans les premiers à m’accorder un entretien. Endemol a également joué le jeu.
Mais pas Sylvie Tellier, si je comprends bien ?
Sylvie Tellier est irrespectueuse. Je suis profondément outré par son comportement, elle qui doit tout aux de Fontenay. Elle s’affiche sur les réseaux sociaux en étant sympathique, mais tout cela n’est que de la communication. Dans la vie, elle a le comportement contraire.
Racontez-nous…
Je l’ai contactée dès janvier 2021 pour l’interviewer, en lui précisant les sujets de l’entretien et la participation de Geneviève de Fontenay à l’ouvrage. Je n’ai jamais avancé masqué. Sa réponse ? Elle m’a envoyé ses avocats pour m’intimider. J’ai répondu à sa missive par un courrier en mars. J’attends toujours son retour ! Sylvie Tellier est paniquée à l’idée du livre. Pour être honnête, je pense que des consignes circulent à mon sujet au sein de Miss France… Plusieurs délégués régionaux aux ordres m’avaient donné leur accord avant de se rétracter sans raison… Ça interroge sur les méthodes internes !
Et pourquoi se braque-t-elle ?
Son argument, c’est quoi ? Que Geneviève de Fontenay participe au livre ! Alors qu’elle a passé un an avec Geneviève de Fontenay, et qu’elle s’est fait près de 30 000 euros en publiant un livre avec elle… C’est un faux prétexte. Sylvie Tellier sait pertinemment qu’il y a des indices précis et concordants qui circulent depuis près de 20 ans sur la fiabilité de son élection de Miss France. Elle sait très bien que potentiellement, j’ai des documents compromettants pour elle. Et mes interlocuteurs sont particulièrement loquaces sur Sylvie Tellier.
Elle a peur de tomber ?
Oui, je pense que Sylvie Tellier a peur de tomber, d’autant qu’elle est sur la sellette depuis deux ans, et qu’elle a été maintenue à cause du Covid. Ça diminuerait son train de vie. Elle gagne entre 5 000 et 7 000 euros nets par mois. Elle perçoit aussi près de 3 500 euros par prestation sur les galas de Miss France le week-end, sachant qu’il y a 30 galas. Et en plus, elle s’est fait augmenter son salaire en pleine période de Covid et s’est même fait ajouter des participations à la marque Miss France !
Il y a d’autres Miss avec qui ça s’est mal passé ?
Oui. Lætitia Bléger notamment. J’étais très surpris. J’ai eu des rapports très cordiaux avec elle fin 2020. Elle m’a dit oui dans un premier temps. Puis je lui ai envoyé un mail en disant que j’évoquerai dans l’interview ses photos sexy. Du jour au lendemain, elle m’a dit non. Elle m’a dit qu’elle ne souhaitait pas revenir sur le passé, que c’était douloureux, qu’elle s’était fait avoir par un photographe véreux, alors que le photographe, c’était Philippe Warrin, photographe officiel de SIPA pour TF1 depuis 20 ans ! Il n’a rien de véreux, c’est même une pointure dans le milieu ! En réalité, elle n’assume pas, ce qui est dommage, car ces photos traduisent une chose : le besoin de couper l’écharpe de jeune fille prude et naïve pour s’affirmer. Une étape que toutes les Miss France vivent !
Pourquoi a-t-elle soudain changé d’avis selon vous ?
Elle a eu peur de ce que j’allais raconter dans mon livre, car je lui ai précisé que j’avais rencontré Philippe Warrin, le photographe qui l’avait shootée, et vous, Jérôme Goulon, le rédacteur en chef d’Entrevue. Elle a pris peur à ce moment-là, car elle n’est pas très à l’aise avec la version de l’histoire qu’elle a raconté à tout le monde, y compris Geneviève de Fontenay.
Autre exemple de mauvaise expérience avec une Miss ?
Sophie Thalmann, Miss France 1998 ! J’ai été interloqué par une demande qu’elle m’a faite quand je l’ai contactée. Quand je lui ai fait une proposition d’interview, elle m’a demandé de l’argent en échange, mais c’était hors de question, car aucune Miss n’est rémunérée. Elle a finalement accepté de répondre à mes questions, et son témoignage est intéressant.
Elle voulait combien ?
Elle m’a demandé dans un mail s’il était possible d’avoir « quelque chose », se basant sur l’exemple de Sylvie Tellier, qui avait versé des royalties de son livre Miss France, 1920-2020 à une association dont Sophie Thalmann serait membre. Elle m’a donc demandé si elle pouvait toucher quelque chose, mais sans me préciser le nom de son association. Je pense aussi qu’elle a dû jouer les agents secrets pour Sylvie Tellier en me demandant la liste des participantes au livre…
Les audiences de Miss France sont en baisse depuis des années. Sylvie Tellier a-t-elle un avenir dans ce concours ?
Je pense que Sylvie Tellier doit partir et être remplacée par une autre Miss. Ça fait 20 ans qu’elle a été élue, c’est une Miss d’une autre époque… Il y a une évolution très claire avec les réseaux sociaux. Avant, Miss France, c’était Cendrillon, aujourd’hui, Miss France, c’est Kim Kardashian. De nos jours, devenir Miss France, ce n’est plus une fin en soi, mais un moyen d’être influenceuse, avec la manne financière que cela représente. Quand Geneviève de Fontenay est partie, le concours a pris un coup de jeune. Et bien aujourd’hui, il est temps que le concours prenne un nouveau coup de jeune…
Le fait que les filles ayant déjà fait des photos sexy n’aient pas le droit de participer à Miss France, ce n’est pas désuet ?
Non, car ça reste un concours familial. TF1 ne peut pas prendre des filles qui font des photos dénudées. Le concours doit se moderniser mais sans perdre totalement le côté ringard. Le jour où le concours sera trop moderne, on ne voudra plus de Miss France. Il faut trouver le bon équilibre entre tradition et modernité…