Manuel Valls, ministre des Outre-mer, et Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, sont attendus ce jeudi à Mayotte pour une visite sous haute tension. Un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, qui a lourdement impacté l’île, notamment ses infrastructures scolaires, les deux membres du gouvernement reviennent sur place pour faire le point sur les engagements pris par l’État et tenter d’apaiser la grogne qui monte.
Lors de leur dernière visite, après la catastrophe, plusieurs annonces avaient été faites pour accélérer la reconstruction et garantir la reprise de la scolarité dans de meilleures conditions. Pourtant, sur le terrain, de nombreux enseignants dénoncent un manque de mesures concrètes et ont entamé un mouvement de grève depuis le 20 janvier. Ils réclament notamment une revalorisation de l’indexation de leurs salaires de 40 à 75 %, une extension de la prime Chido de 2 000 euros à tous les agents de l’éducation, ainsi que des garanties sur la sécurité dans les établissements scolaires, souvent insuffisamment équipés face aux risques de violences et d’insécurité.
Élisabeth Borne avait promis des solutions d’urgence, avec la mise en place de « tentes-écoles » pour pallier la destruction de nombreux bâtiments et un système de rotations pour permettre l’accueil des élèves dans des établissements encore debout. Mais ces mesures temporaires sont loin de satisfaire les enseignants, qui jugent les conditions d’enseignement dégradées et inadaptées.
Autre engagement du gouvernement : une aide exceptionnelle de 300 euros pour les étudiants mahorais, qu’ils soient boursiers ou non, et qu’ils résident à Mayotte ou ailleurs en métropole. Cette aide, censée être versée en janvier par le réseau des Crous, est particulièrement attendue par les jeunes, dont certains peinent à poursuivre leurs études dans des conditions sereines.
De son côté, Manuel Valls entend profiter de ce déplacement pour aborder la question du coût de la vie à Mayotte, un sujet brûlant pour la population. Le ministre des Outre-mer souhaite dénoncer les pratiques des grands groupes accusés d’alimenter la vie chère et freiner la mise en place d’un modèle économique plus équilibré sur l’île. Son discours est attendu avec impatience par de nombreux habitants, qui dénoncent un sentiment d’abandon et un manque d’actions concrètes du gouvernement face aux difficultés économiques structurelles du territoire.
Alors que Mayotte traverse une période particulièrement éprouvante, cette visite ministérielle devra convaincre que les promesses faites après le cyclone Chido ne resteront pas lettre morte. Les attentes sont fortes, et la tension palpable parmi les enseignants, les étudiants et l’ensemble de la population qui attend des mesures à la hauteur des enjeux.