Un célèbre chanteur iranien, qui a sorti une chanson en soutien aux femmes iraniennes militantes pour la liberté de porter le voile, a déclaré mercredi qu’il était prêt à « payer le prix de la liberté » après avoir reçu 74 coups de fouet dans le cadre d’une peine prononcée par un tribunal révolutionnaire.
Mahdi Yarrahi, qui avait été arrêté en 2023, a été libéré l’année dernière après avoir été condamné pour avoir interprété une chanson soutenant les manifestations « Femme, Vie, Liberté » qui ont éclaté en 2022 et secoué la direction religieuse en Iran.
Son avocate, Zahra Minoui, a écrit sur la plateforme X : « Aujourd’hui, la dernière partie de la peine prononcée par le tribunal révolutionnaire – 74 coups de fouet – a été entièrement et complètement exécutée au quatrième bureau de l’exécution des peines du procureur général pour la sécurité morale à Téhéran ». Elle a ajouté : « L’affaire est maintenant clôturée », selon l’AFP.
Dans un post ultérieur, Yarrahi a ajouté sur un ton défiant : « La personne qui ne veut pas payer le prix de la liberté, ne mérite pas la liberté ».
Yarrahi a été arrêté en août 2023 pour avoir sorti la chanson « Royi Sari To » (« Ton voile » en persan), que les autorités ont considérée comme « illégale » car il y exprimait son soutien au droit des femmes de retirer le voile imposé dans les espaces publics en Iran.
L’exécution de la peine de flagellation a suscité un tollé parmi ses partisans. Dans un post sur Instagram, l’actrice Taraneh Alidoosti, arrêtée lors du mouvement de protestation après être apparue sans voile, a écrit : « Honte à l’arriération, honte à la torture, honte à la violence, honte aux lois inhumaines, honte et honte à notre impuissance ».
De son côté, la lauréate du prix Nobel de la paix, Narges Mohammadi, libérée temporairement après avoir purgé une peine de prison, a déclaré que la flagellation était un « acte de vengeance » pour le soutien de Yarrahi aux femmes en Iran.
Elle a ajouté dans un communiqué : « Les coups de fouet sur le corps de Mahdi sont des fouets contre les femmes iraniennes fières, dotées de résilience, de l’esprit florissant et fort du mouvement « Femme, Vie, Liberté » ».
Selon le code pénal iranien, les juges prononcent des peines de flagellation qui ne sont pas toujours exécutées. La chanson de Yarrahi de 2022 « Soroud Zan » (Hymne des femmes) est devenue un chant de protestation, notamment dans les universités.
La mort de Mahsa Amini, une jeune kurde iranienne de 22 ans, en détention le 16 septembre 2022 après son arrestation pour violation des règles vestimentaires, a provoqué des mois de manifestations réclamant la fin du régime iranien.
Les manifestations ont été largement réprimées suite à une campagne de répression qui a vu l’arrestation de milliers de personnes, selon l’ONU, et la mort de centaines d’entre elles sous les balles des forces de sécurité, selon des militants.
