Elles s’appellent les « Omas gegen Rechts », littéralement les « mamies contre l’extrême droite ». Depuis 2018, ces militantes âgées de 60 à 90 ans manifestent à travers l’Allemagne contre la montée du parti Alternative für Deutschland (AfD). Leur combat, initié lors de l’entrée du parti au Bundestag, s’est intensifié à l’approche des élections régionales du 23 février, où l’AfD pourrait décrocher un score historique.
Revêtues de leur emblématique bonnet tricoté, elles défendent une démocratie qu’elles ont vue renaître après la guerre. Pour Gabi Heller, coordinatrice du groupe de Nuremberg, l’enjeu est clair : « J’ai eu la chance de vivre en paix et en démocratie pendant 58 ans, et je veux préserver cela pour mes petits-enfants. » Face aux discours antimigrants portés par l’AfD, ces militantes rappellent que « rendre les étrangers responsables de tous les maux est un non-sens total ».
Le mouvement s’est structuré au fil des années, comptant aujourd’hui une centaine de sections locales à travers le pays. En 2024, les « Omas » ont participé à plus de 80 manifestations, notamment contre l’antisémitisme et les violences racistes. Pour certaines, comme Maja, 72 ans, l’engagement est personnel : « Ma grand-mère a dû fuir l’Allemagne avec mon père parce qu’elle était juive. Je ne veux pas que mes petits-enfants connaissent le même destin. »
Mais l’opposition est parfois brutale. En Thuringe, où l’AfD domine les sondages, les « Omas » témoignent d’une hostilité croissante : « Nous avons été choquées par la manière dont nous avons été traitées », rapporte Gabi Heller. Pourtant, leur combat inspire bien au-delà des générations. Nicole Büttner, 46 ans, qui a manifesté avec elles à Berlin, souligne : « Elles s’engagent contre le racisme et la haine, c’est un message puissant et essentiel. »