Le Programme alimentaire mondial a annoncé qu’environ 3 millions de Syriens souffrent d’une insécurité alimentaire grave. Parallèlement, des diplomates à Bruxelles ont indiqué que l’Union européenne prévoit de suspendre ses sanctions contre la Syrie dès lundi prochain.
Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial, a averti que l’insécurité alimentaire de millions de Syriens met en péril la « fragile » voie vers la reprise du pays, soulignant que l’objectif du programme est de garantir la sécurité alimentaire des familles et de les orienter vers la stabilité.
Corinne Fleischer, directrice régionale du Programme alimentaire mondial, avait déjà mis en garde en janvier sur l’impact persistant de la pauvreté et de la faim sur la population syrienne.
Le Programme des Nations Unies pour le développement a révélé jeudi que la Syrie nécessiterait au moins dix ans pour retrouver son niveau économique d’avant-guerre, sous réserve d’une forte croissance. Le programme a aussi alerté sur la « croissance lente » actuelle du pays (1,3 % par an), précisant que si cette situation perdurait, le temps nécessaire pour une reprise complète pourrait dépasser un demi-siècle. Il a également indiqué que « 9 Syriens sur 10 vivent dans la pauvreté, et un sur quatre est sans emploi ». À Bruxelles, des diplomates ont confirmé que les ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l’Union européenne, réunis lundi à Bruxelles, prendront une décision officielle après un accord préliminaire lors de leur rencontre de janvier. Ces sanctions concernent les secteurs bancaires, de l’énergie et du transport. L’Union européenne cherche à contribuer à la reconstruction de la Syrie après les années de guerre et l’éviction de Bachar al-Assad en décembre, tout en établissant des relations avec la nouvelle administration syrienne qui plaide pour la levée des sanctions imposées sous le régime de l’ex-président. Ces sanctions ont frappé le gouvernement d’Assad et des secteurs clés de l’économie syrienne depuis 2011. L’Union européenne pourrait rétablir les sanctions si les nouveaux dirigeants syriens ne respectent pas les droits de l’homme et les principes démocratiques, comme l’a précisé la responsable de la politique étrangère de l’UE, Ursula von der Leyen, le mois dernier.
Rencontre entre le président al-Shara et l’ambassadeur chinois
Les médias syriens ont rapporté vendredi que le président Ahmed al-Shara avait rencontré l’ambassadeur chinois à Damas, Shi Hongwei, marquant ainsi la première rencontre officielle entre les deux pays depuis la chute d’Assad.
L’ambassade de Chine à Damas a été pillée après la chute d’Assad, qui bénéficiait du soutien de Pékin. Les nouvelles autorités syriennes ont recruté des combattants étrangers dans les rangs de l’armée, notamment des Ouïghours, une minorité musulmane en Chine, accusée par des organisations de défense des droits humains d’être persécutée par le gouvernement chinois. La Chine a démenti ces accusations de violations des droits des Ouïghours.
L’agence de presse syrienne SANA a confirmé la rencontre entre al-Shara et l’ambassadeur chinois, mais n’a pas précisé les sujets abordés.
Le président chinois Xi Jinping s’était engagé à soutenir Assad contre toute ingérence étrangère. Ce dernier a mis fin à l’isolement international d’Assad, qui durait depuis des années depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, en l’accueillant chaleureusement avec son épouse lors d’une visite en Chine en 2023.