Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, les rues de Damas voient s’afficher ouvertement des ouvrages longtemps interdits sous le manteau. Romans politiques, témoignages de prisonniers et textes théologiques autrefois bannis sont désormais en vitrine.
Pour Amr al-Laham, étudiant de 25 ans, pouvoir acheter un livre comme Al-Maabar, autrefois risqué, marque un profond changement. “Il y a deux mois encore, poser une question sur un tel ouvrage pouvait mener en prison,” explique-t-il. La fin du règne d’Assad a libéré un marché littéraire autrefois paralysé par la peur des services de renseignement.
Des libraires comme Abdel Rahmane Sourouji, qui vendaient ces ouvrages en cachette, évoquent une forte demande. Les écrits d’auteurs tels qu’Ibn Taymiyya ou Sayyed Qotb, jadis réservés à des cercles de confiance, s’arrachent désormais. Pour certains, comme le bouquiniste Abou Yamen, cette liberté retrouvée illustre un nouveau souffle à Damas.
Cependant, pour une société marquée par des décennies de censure, cette émergence littéraire soulève des questions sur l’avenir culturel et politique de la Syrie post-Assad. “La peur a disparu, mais les cicatrices restent,” conclut un éditeur anonyme.