“Julie se tait” : un drame sous tension

Entrevue 1

Présenté en avant-première au Festival Un état du monde“Julie se tait” est le premier long-métrage du réalisateur belge Leonardo Van Dijl. Ce drame subtil suit Julie, 15 ans, jeune espoir du tennis, qui voit son entraîneur écarté après le suicide d’une autre joueuse. Une enquête interne est ouverte, mais Julie reste silencieuse, prisonnière d’une emprise invisible. Le film évite le pathos et les scènes explicites pour mieux capturer l’ambiguïté de son héroïne, incarnée avec une intensité troublante par Tessa Van den Broeck.

Van Dijl construit son récit comme un huis clos suffocant, où chaque silence pèse lourd. Le hors-champ devient un outil narratif puissant : ce qui est tu en dit plus que ce qui est montré. La mise en scène, sobre et précise, capte les micro-réactions de Julie, ses hésitations, son isolement progressif. L’entraîneur, manipulateur mais jamais caricatural, est une figure d’emprise redoutable, convaincu d’agir pour le bien de son élève. C’est dans ce réalisme glaçant que le film trouve sa force.

Avec une photographie en 35 mm et un travail sonore minimaliste“Julie se tait” installe une atmosphère feutrée, presque oppressante. Le réalisateur ne cherche pas à expliquer ou à juger, mais à immerger le spectateur dans le ressenti de Julie, perdue entre admiration, peur et confusion. Ce premier film d’une maîtrise impressionnante capture avec justesse la mécanique du silence et de l’emprise, faisant de Julie une héroïne bouleversante malgré son mutisme.

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