Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a affirmé dans une interview au Journal du Dimanche que la France devait reprendre le contrôle de l’immigration, jugeant qu’« un demi-million d’entrées par an, c’est trop ». Additionnant le nombre de premiers titres de séjour délivrés en 2024 (336 700) et les demandes d’asile déposées (157 947), il estime que la politique actuelle n’est plus maîtrisée. « La question migratoire est d’abord une question de nombre », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’une approche plus restrictive en matière de visas et de droit d’asile.
Bruno Retailleau a plaidé pour un durcissement des conditions d’accueil et une réduction drastique des flux entrants. Il propose notamment une réforme de la durée de rétention en centres de rétention administrative (CRA) et un renforcement des pouvoirs préfectoraux pour suspendre des décisions judiciaires concernant des étrangers jugés dangereux. Il a également évoqué la nécessité de revoir l’accès aux prestations sociales pour les étrangers, estimant que « l’État de droit ne protège plus la société française, mais désarme l’État régalien ».
Sur le dossier des expulsions, il a rappelé que 93 % des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ne sont pas exécutées, un chiffre qu’il juge inacceptable. Selon lui, la principale difficulté réside dans la coopération des pays d’origine, qui rechignent à délivrer des laissez-passer consulaires. Avant d’accélérer les expulsions, il insiste donc sur la nécessité de réduire les flux entrants et d’imposer une politique de visas plus sélective.
Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur s’est dit favorable à un référendum sur l’immigration, bien que la Constitution actuelle ne permette pas de consulter les Français sur ce sujet. Il propose de contourner cette contrainte en posant la question sous l’angle social, par exemple en instaurant un délai de carence avant qu’un étranger puisse percevoir des allocations familiales. « Le peuple souverain devra trancher, tôt ou tard, ces questions-là », a-t-il insisté.
Cette déclaration s’inscrit dans une stratégie plus large visant à repositionner le gouvernement sur une ligne ferme en matière migratoire. François Bayrou, qui avait récemment critiqué certaines approches trop comptables du sujet, a néanmoins apporté son soutien à Retailleau sur l’affaire de l’influenceur algérien Doualemn, dont l’OQTF a été annulée. Selon le ministre, cet exemple illustre la nécessité de refonder l’État de droit pour le rendre plus efficace face aux défis migratoires.
Bruno Retailleau sait néanmoins que ses propositions nécessitent un soutien parlementaire qu’il ne possède pas encore. Il reconnaît que les réformes ambitieuses qu’il souhaite mettre en place devront probablement attendre l’élection présidentielle de 2027. En attendant, il entend gagner la bataille de l’opinion, convaincu que la pression populaire finira par imposer un changement en profondeur des politiques migratoires françaises.