Près de 14 ans après les faits, le procès de l’affaire Priscilla Dray s’ouvre ce lundi au tribunal correctionnel de Bordeaux. Cette femme de 50 ans, amputée des quatre membres à la suite d’un choc septique survenu après une interruption volontaire de grossesse (IVG) au CHU de Bordeaux en 2011, accuse l’hôpital et deux médecins d’erreurs médicales. Le CHU comparaît en tant que personne morale, tandis que les praticiens sont poursuivis pour blessures involontaires.
L’affaire remonte à juillet 2011, lorsque Priscilla Dray, alors âgée de 36 ans, subit une IVG et se rend quelques jours plus tard aux urgences en raison d’une forte fièvre et de douleurs. Soupçonnant une infection, un médecin lui retire son stérilet mais refuse de lui administrer des antibiotiques. Le lendemain, une médecin généraliste détecte un choc septique et l’envoie d’urgence à l’hôpital, mais la patiente ne sera placée en réanimation qu’après plusieurs heures d’attente. Son état se dégrade rapidement, entraînant une nécrose généralisée et l’amputation de ses jambes, d’un avant-bras et d’une main.
Les débats au tribunal porteront sur la responsabilité du CHU et des médecins dans la prise en charge tardive de la patiente. Un rapport d’expertise souligne un retard critique dans l’administration des soins, notamment le non-respect du courrier d’alerte envoyé par la médecin généraliste. L’un des médecins mis en cause plaide la relaxe, affirmant qu’il n’y avait aucun signe clinique justifiant une antibiothérapie immédiate lors de son examen.
Déjà condamné à verser une provision de 300 000 euros en 2017, le CHU de Bordeaux pourrait voir sa responsabilité confirmée par ce procès. De son côté, Priscilla Dray, qui a subi des greffes et une longue rééducation aux États-Unis, espère obtenir justice et faire reconnaître la gravité des erreurs commises dans sa prise en charge médicale.