Ce mercredi marque une étape importante en Île-de-France : la création officielle de la commune nouvelle de Saint-Denis, issue de la fusion des villes de Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine. Avec 149.781 habitants, cette collectivité devient la deuxième commune la plus peuplée de la région, juste derrière Paris, et devance désormais Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
La décision, votée au printemps 2024 par les conseils municipaux des deux villes, avait surpris les observateurs et certains élus locaux. Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, et Michel Fourcade, son homologue de Pierrefitte-sur-Seine, ont mis en avant les avantages de ce rapprochement. Parmi eux : un poids accru pour les arbitrages financiers et de nouvelles opportunités d’investissement.
Cette fusion permettra notamment une baisse d’impôts pour les habitants de Pierrefitte et un accès élargi aux services de Saint-Denis, comme la cantine scolaire et les initiatives contre l’habitat indigne. Les deux édiles socialistes espèrent ainsi renforcer l’attractivité de la nouvelle collectivité tout en rationalisant la gestion des ressources.
Une dotation conditionnée par la population
La commune nouvelle pourra bénéficier d’une aide de 15 euros par habitant pendant trois ans, soit environ 6,74 millions d’euros au total. Cette dotation est réservée aux communes fusionnées comptant moins de 150.000 habitants. Avec un chiffre officiel de 149.781 habitants, Saint-Denis a donc franchi cette étape de justesse.
Cependant, cette aide ne compensera pas totalement la perte de recettes liée à la baisse d’impôts, a averti Sofia Boutrih, cheffe de l’opposition communiste à Saint-Denis. Elle pointe également des « difficultés d’organisation » à venir.
Bien que légale, cette fusion a suscité de vives critiques. Certains opposants dénoncent une manœuvre politique visant à renforcer la base électorale socialiste avant les municipales de 2026. « Les voix ne nous appartiennent pas, » a rétorqué Michel Fourcade, qui devient premier adjoint de la commune nouvelle tout en restant maire délégué de Pierrefitte.
Une habitante de Pierrefitte, membre de l’association « Stop Fusion Pierrefitte Saint-Denis », a exprimé son mécontentement lors de la cérémonie officielle de lancement. Elle dénonce une « stratégie politique hallucinante » et regrette l’absence de consultation directe de la population.
Un processus atypique
La fusion a été rendue possible par une série de lois visant principalement les petites communes rurales pour pallier le manque de gouvernance et améliorer les services publics. Cependant, l’union de deux grandes villes comme Saint-Denis et Pierrefitte reste rare.
Malgré les critiques, Mathieu Hanotin et Michel Fourcade se disent confiants quant au potentiel de cette nouvelle entité. Le premier conseil municipal de la commune fusionnée, rassemblant 94 conseillers, se tiendra samedi à l’hôtel de ville de Saint-Denis.
Si l’opposition ne prévoit pas de faire campagne pour une « défusion », Sofia Boutrih promet de consulter les habitants en cas de victoire en 2026. Elle compte mener un audit approfondi pour évaluer l’impact de cette fusion sur le long terme. En attendant, la nouvelle Saint-Denis devra démontrer qu’elle peut relever les défis d’une gestion harmonieuse et efficace.