Cette semaine, un nouveau bras de fer sur la réforme des retraites

Entrevue 1

Le débat sur les retraites est loin d’être clos. Alors que syndicats et patronat s’apprêtent jeudi à ouvrir de nouvelles négociations, un rapport de la Cour des comptes vient jeter de l’huile sur le feu. Conclusion : le système est dans le rouge, et sans ajustements, ça ne va pas s’arranger. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, ne cache pas son opinion : il faudra bosser plus longtemps. Elle évoque même l’idée de capitalisation, histoire de compléter les pensions avec de l’épargne. Mais ça, c’est un vrai tabou en France.

Pour le Medef, pas question de toucher aux cotisations patronales. Son président, Patrick Martin, martèle que l’âge légal de départ doit rester à 64 ans, voire monter encore. Pour lui, la réforme de 2023 est digérée et revenir dessus serait une grosse erreur. Son argument : si on veut éviter que les retraites s’effondrent, il faudra bien allonger la durée de cotisation.

Autre justification avancée par le gouvernement : les Français vivent plus longtemps et en meilleure santé. Depuis 2008, l’espérance de vie en bonne santé après 65 ans a gagné deux ans. Du coup, pourquoi ne pas prolonger la vie active ? Sauf que cela ne prend pas en compte les métiers usant et c’est justement ce que les syndicats comptent mettre sur la table.

Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, prévient : toucher aux 64 ans serait une « grave erreur ». Pour lui, ce serait un gouffre financier qui mettrait encore plus en péril le système et creuserait le déficit public, déjà à 6,1 % du PIB. Sauf que François Bayrou a décidé de surprendre tout le monde. Le Premier ministre veut relancer les discussions sur la réforme et promet trois mois de négociations, sans « aucun tabou ». Autrement dit : on peut même reparler des 64 ans. Une annonce qui passe mal chez certains, notamment au sein du gouvernement et du patronat.

Syndicats et patronat vont devoir s’affronter sur cette réforme qui divise toujours autant. Les premiers veulent revenir sur l’âge de départ, les seconds refusent catégoriquement de payer plus. Catherine Vautrin, ministre du Travail, assure que l’État laissera aux partenaires sociaux jusqu’à début juin pour s’entendre. Autant dire que les prochaines semaines vont être électriques.

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