Thérèse Hargot : « La pornographie ne doit plus être un tabou ! »
Le dimanche 17 novembre, au Salon de la Littérature Érotique de Paris (La Bellevilloise, Paris 20e), Thérèse Hargot, sexologue et philosophe, interviendra pour parler de son essai paru cette année aux éditions Albin Michel Tout le monde en regarde (ou presque). Son ouvrage se veut une réflexion sur les conséquences de la pornographie en ligne dans notre société, et plus particulièrement sur les jeunes générations.
Thérèse Hargot, qui intervient depuis vingt ans en milieu scolaire, se montre alarmée par les effets de l’exposition des mineurs aux contenus explicites en ligne. A travers ses différentes prises de parole, elle cherche à susciter une prise de conscience chez les adultes, les parents et les éducateurs, afin de poser les bases d’une éducation à la sexualité plus saine et ouverte dans un monde où le tabou ne suffit plus pour protéger les jeunes.
Votre livre parle de la sexualité dans une société où tout est accessible en ligne. Qu’est-ce qui vous a poussée à aborder ce sujet, et pourquoi maintenant ?
Thérèse Hargot : Parce que cela fait vingt ans que j’interviens en milieu scolaire et j’ai constaté les dégâts de l’exposition des jeunes à la pornographie. Leurs fantasmes sont formatés, ils ne savent pas prendre de distance. À force d’expérience sur le terrain, j’ai voulu alerter l’opinion publique. Dans mon cabinet, je reçois aussi des adultes dépendants à la pornographie, ce qui m’a poussée à m’exprimer davantage sur ce sujet.
Selon vous, quel impact a la pornographie en ligne sur la perception de la sexualité, en particulier chez les jeunes ? Comment cela influence-t-il leur développement affectif et relationnel ?
Thérèse Hargot : Les jeunes se retrouvent souvent seuls face à ces images. La pornographie reste taboue, même en famille ou à l’école, ce qui les pousse à garder le silence. Ce silence crée de la honte et des questionnements, comme la peur d’être jugés ou d’être « anormaux ». Ils finissent par minimiser et pensent que cela n’a pas d’impact. Pourtant, cette exposition précoce et sans repères formatte déjà leur imaginaire.
Vous parlez de la « spectacularisation » de l’intime. Quelles conséquences cela a sur la jeune génération ?
Thérèse Hargot : Cette spectacularisation brouille les frontières de l’intimité. Les jeunes sont souvent spectateurs avant d’être acteurs de leur propre sexualité. Ils consomment plus de contenu sexuel qu’ils n’ont de rapports réels. Et parfois même, ils se photographient pendant les ébats. Cela peut devenir problématique, surtout avec la montée du « revenge porn » et du harcèlement, ce qui touche tous les milieux sociaux.
Quelles seraient vos recommandations aux parents ou éducateurs pour aborder ces sujets avec les jeunes dans un monde où la pornographie est omniprésente ?
Thérèse Hargot : Il ne faut plus en faire un tabou : la pornographie doit être abordée dans les conversations, que ce soit dans les familles ou à l’école. Une éducation est essentielle pour éviter que les jeunes soient livrés à eux-mêmes. En plus de prévenir, nous devons leur offrir des alternatives : des œuvres qui nourrissent un imaginaire érotique plus sain, comme des films, des romans ou des photos, plutôt qu’un porno mainstream qui déforme leur perception.
Retrouvez Thérèse Hargot pour une prise de parole dimanche 17 novembre au salon de la littérature érotique à 19h sur « la différence entre érotisme et pornographie ».
Propos recueillis par Flore Cherry
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