Le Palais de Tokyo consacre une exposition d’envergure à Rammellzee, figure underground du hip-hop et du graffiti new-yorkais. Ce plasticien, rappeur et philosophe a élaboré un univers unique mêlant calligraphie futuriste, armures cyberpunk et performances radicales. L’exposition, intitulée Alphabeta Sigma (Face A), présente son travail sous toutes ses facettes : de ses “Letter Racers”, sculptures inspirées du lettrage des graffitis, à ses impressionnants “Garbage Gods”, des armures élaborées à partir d’objets de récupération. Ce projet sera suivi d’une seconde exposition (Face B) en 2026 au Musée d’art contemporain de Bordeaux.
Artiste subversif et visionnaire, Rammellzee considérait le langage comme une arme de rébellion. Inspiré par les graffitis illisibles des années 1970 et les moines copistes du Moyen Âge, il théorise un “futurisme gothique” où les lettres deviennent des outils de résistance. Proche de Jean-Michel Basquiat, avec qui il a collaboré dans le groupe Hollywood Africans, il s’est également illustré dans le hip-hop en posant sa voix unique sur Beat Bop, un titre produit par Basquiat en 1983. Son influence s’étend bien au-delà du graffiti, inspirant aussi bien la musique que la mode et la culture street.
L’exposition plonge les visiteurs dans son imagerie fascinante et chaotique, entre science-fiction et mythologies urbaines. Ses armures et masques, conçus pour ses performances, témoignent de son obsession pour l’“armementation”, où l’ornement devient un bouclier contre l’oppression. En explorant cette œuvre protéiforme, Alphabeta Sigma célèbre un artiste longtemps resté dans l’ombre, dont l’héritage résonne aujourd’hui encore dans le hip-hop et l’art contemporain.