La petite Sila Abu Aqlan, âgée de cinq ans, concentrée, pratique pour la première fois la marche avec sa prothèse dans une clinique de Gaza. Son pied est orné d’une basket rose, assortie à son sweat à capuche. Cela fait près de 15 mois que sa jambe a été amputée après un raid aérien israélien. Enfin, elle reçoit une prothèse.
Les bombardements israéliens ont causé des amputations chez des milliers d’enfants, une situation qualifiée par l’ONU de « plus grand groupe d’enfants amputés de l’histoire moderne ». En dépit du cessez-le-feu en janvier, les ressources pour aider les amputés restent insuffisantes. À peine 20 % des besoins ont été couverts, selon l’organisation MAP.
Le bombardement israélien du 2 mars a fermé cette fenêtre d’aide. D’autres frappes récentes ont encore aggravé la situation.
Le Dr Sakib Rokadiya, médecin à l’hôpital Nasser, rapporte des amputations graves parmi les blessés, y compris un garçon de 4 ans ayant perdu une grande partie de son pied. Les enfants, déjà traumatisés, vivent également une douleur psychologique intense.
Le père de Sila raconte la souffrance de sa nièce, qui a perdu ses proches dans un raid aérien en décembre 2023. Depuis, elle lutte avec l’amputation de sa jambe et se sent différente des autres enfants.
Reem, une autre enfant, a perdu sa main en octobre 2023 à cause d’un raid. Elle ne peut plus s’habiller seule et a du mal à gérer la colère et l’isolement.
Les médecins et les experts estiment que jusqu’à 17 500 personnes, dont de nombreux enfants, ont besoin de réadaptation à Gaza. Cependant, les conditions de guerre empêchent la fourniture de soins adéquats. Les hôpitaux manquent de médicaments, et des amputations auraient pu être évitées si les infections avaient été traitées.
Moath Abdelaal, un autre enfant amputé, vit dans un camp de tentes après que sa maison ait été détruite. La situation psychologique de nombreux enfants se dégrade. Des initiatives humanitaires offrent des prothèses et des soins, mais les ressources restent limitées. Les matériaux nécessaires à la fabrication de prothèses sont bloqués par Israël, tandis que la demande ne cesse d’augmenter.
Certains enfants amputés espèrent être traités à l’étranger. Le cas d’Abdulrahman, un garçon de 11 ans, illustre cette réalité. Après avoir été blessé par un raid aérien, il attend un traitement à l’étranger, mais les évacuations médicales sont lentes. Les enfants dans cette situation vivent une souffrance immense, à la fois physique et psychologique.