Après une interruption de près de deux ans, le pompage de pétrole brut pourrait bientôt reprendre via le pipeline reliant la région autonome du Kurdistan du nord de l’Irak à la Turquie.
Des sources ont déclaré à l’agence Reuters que l’administration du président américain Donald Trump fait pression sur Bagdad pour permettre la reprise des exportations de pétrole depuis la région du Kurdistan irakien, sous peine de sanctions similaires à celles imposées à l’Iran. Cependant, le gouvernement fédéral irakien et le gouvernement de la région du Kurdistan n’ont pas encore conclu d’accord sur les détails nécessaires à la reprise de la production, comme le mécanisme de paiement accepté par les compagnies pétrolières.
Quelles sont les dernières évolutions ? Le ministre irakien du pétrole, Hayan Abdel Ghani, a déclaré aux journalistes lundi que les exportations de pétrole de la région du Kurdistan irakien devraient reprendre la semaine prochaine. Cette annonce est intervenue après que le Parlement irakien a approuvé, le 2 février, un amendement au budget qui fixe l’indemnisation des coûts de production et de transport du pétrole dans le Kurdistan à 16 dollars le baril.
L’amendement stipule également que la production pétrolière de la région du Kurdistan soit transférée à la compagnie pétrolière nationale irakienne, SOMO. L’Association des producteurs de pétrole du Kurdistan, qui regroupe les entreprises DNO, Genel Energy, Gulf Keystone Petroleum et Shamaran Petroleum, a accueilli favorablement cet amendement dans une brève déclaration sur son site web.
Le gouvernement du Kurdistan avait précédemment rejeté une proposition de compensation fixée à 7,9 dollars le baril, estimant que ce montant était trop faible.
Sven Dizzy, responsable des relations extérieures du gouvernement du Kurdistan irakien, a déclaré à Reuters mardi qu’il n’y avait plus de problèmes juridiques ou techniques empêchant la reprise des flux. Il a ajouté : « Il suffit d’appuyer sur le bouton pour augmenter la production et reprendre les exportations », mais a refusé de divulguer la date de réouverture du pipeline.
Cependant, la Turquie a déclaré mercredi qu’elle n’avait pas encore reçu d’informations de l’Irak concernant la reprise des flux de pétrole via le pipeline.
Quelle est l’importance des dernières évolutions ? Bien que l’Irak, le deuxième plus grand producteur de pétrole de l’OPEP, exporte environ 85 % de son pétrole brut via les ports du sud, la route du nord via la Turquie représente environ 0,5 % des approvisionnements mondiaux en pétrole.
La résolution du conflit, qui dure depuis près de deux ans, pourrait augmenter l’offre sur le marché du pétrole et affecter les prix. Le ministre irakien du pétrole a déclaré que Bagdad s’attend à recevoir environ 300 000 barils par jour de la région.
Il est également prévu que la reprise des exportations de pétrole allégera les pressions économiques dans la région du Kurdistan, où l’arrêt des exportations a entraîné des retards dans le paiement des salaires du secteur public et des réductions des services essentiels.
Pourquoi la fermeture ? Le 25 mars 2023, la Turquie a suspendu le pompage d’environ 450 000 barils par jour de pétrole irakien, dont environ 370 000 de la région du Kurdistan, via le pipeline vers Ceyhan. Ankara a interrompu les flux après que la Chambre de commerce internationale ait ordonné à la Turquie de verser environ 1,5 milliard de dollars à Bagdad pour compenser les exportations non autorisées entre 2014 et 2018.
Bagdad a affirmé que la société SOMO (la société de marketing pétrolier irakienne) était le seul acteur autorisé à gérer les exportations de pétrole brut via le port turc. La Turquie a fermé le pipeline après que le gouvernement fédéral irakien ait obtenu le droit de contrôler le chargement au port de Ceyhan.
Quel est l’objet du conflit ? En 2014, l’Irak a saisi la Chambre de commerce internationale de Paris concernant le rôle de la Turquie dans la facilitation des exportations de pétrole du Kurdistan sans l’approbation du gouvernement fédéral.
L’Irak a accusé la société turque d’énergie d’État, Botas, de violer l’accord sur le pipeline pétrolier irako-turc signé en 1973 en facilitant les exportations de pétrole depuis la région du Kurdistan via le port de Ceyhan.
Selon des sources de Reuters, la Chambre de commerce internationale a jugé que l’Irak devait avoir le droit de contrôler le chargement du pétrole au port de Ceyhan et a ordonné à la Turquie de payer 50 % de la remise appliquée à l’exportation du pétrole du Kurdistan.
Le montant net alloué à l’Irak s’élève à environ 1,5 milliard de dollars avant intérêts, par rapport à la demande initiale d’environ 33 milliards de dollars. Une procédure d’arbitrage est en cours pour la période de 2018 et au-delà.
