L’Albanie a décidé de frapper fort contre TikTok. À partir du 13 mars, tous les fournisseurs d’accès à Internet du pays devront bloquer l’application et ses infrastructures, et ce, pour une durée d’un an. Officiellement, cette interdiction vise à protéger les jeunes après la mort tragique d’un adolescent de 14 ans, tué lors d’une rixe à Tirana sur fond de conflit né sur les réseaux sociaux. Mais en coulisses, la décision soulève un débat brûlant entre sécurité et liberté d’expression, à deux mois d’élections législatives sous tension.
Le premier ministre Edi Rama justifie cette mesure par une consultation de 65 000 parents et enseignants, insistant sur la nécessité de mieux encadrer TikTok, notamment en langue albanaise. Un dialogue avec la plateforme est d’ailleurs en cours pour renforcer la protection des enfants. Mais pour l’opposition, menée par Sali Berisha, il ne s’agit que d’une manœuvre politique destinée à museler l’information et à limiter leur campagne électorale. Résultat : une manifestation est déjà prévue pour le 15 mars.
Si l’Albanie rejoint ainsi la liste des pays ayant banni TikTok – à l’instar du Pakistan, du Népal ou encore de la France en Nouvelle-Calédonie –, cette interdiction interroge. Entre accusations de manipulation électorale, collecte abusive de données et diffusion de désinformation, TikTok est sous le feu des critiques à l’international. Mais la censure est-elle la solution ?
Techniquement, l’application sera bloquée par filtrage DNS, empêchant l’accès au site en fermant la route entre son adresse IP et son nom de domaine. Une barrière qui pourrait toutefois être contournée par les plus déterminés via des VPN. Reste à voir si cette mise au ban temporaire aura l’effet escompté… ou si elle ne fera qu’alimenter davantage les tensions en Albanie.