Le Kremlin a annoncé ce mercredi que les futures discussions entre Moscou et Washington incluront le programme nucléaire iranien, un sujet déjà « abordé » lors d’un premier échange entre les deux parties le mois dernier.
Dans ce cadre, la Russie s’est proposée comme médiatrice entre les États-Unis et l’Iran, affirmant sa volonté de faciliter une résolution pacifique du différend sur le programme nucléaire de Téhéran.
Selon la chaîne publique russe « Zvezda », le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que le président Vladimir Poutine avait accepté d’intervenir comme intermédiaire entre Téhéran et Washington dans ces négociations. Toutefois, une source anonyme citée par Reuters précise que cette proposition émane de la Russie elle-même, sans qu’une demande officielle n’ait été formulée à cet effet.
Ce développement intervient alors que Donald Trump, depuis son arrivée à la présidence en janvier dernier, a opéré un virage diplomatique, adoptant une approche plus conciliante envers Moscou. Cette orientation a éveillé la méfiance des alliés occidentaux, d’autant plus que Trump cherche également un règlement du conflit ukrainien, qui perdure depuis trois ans.
De son côté, l’Iran se trouve à un tournant stratégique, contraint de prendre position face à une négociation avec Trump, alors que son influence régionale décline et que la situation économique intérieure suscite un mécontentement croissant. Les experts estiment que Téhéran pourrait être poussé à négocier, notamment après l’affaiblissement de « l’axe de la résistance », marqué par la fragmentation de ses alliés, la chute d’Assad et les frappes contre le Hezbollah libanais.
Mardi, Dmitri Peskov a réaffirmé aux journalistes que l’Iran était un partenaire clé de la Russie et que Moscou continuerait à renforcer ses relations avec Téhéran. Il a souligné que le président Poutine privilégiait une résolution exclusivement pacifique du dossier nucléaire iranien et que la Russie jouerait un rôle actif dans cette voie.
Dans le cadre de ces efforts diplomatiques, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est rendu à Téhéran après des discussions avec son homologue américain Marco Rubio à Riyad. Lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre iranien Abbas Araghchi, Lavrov a affirmé que Moscou restait convaincue que la voie diplomatique demeurait la meilleure option pour régler la question nucléaire iranienne.
Cependant, Abbas Araghchi a démenti toute transmission de message des États-Unis via la Russie ou le Qatar, affirmant que son homologue russe avait simplement fait état de ses discussions avec Washington et d’autres acteurs régionaux, sans transmettre de proposition spécifique.
Le mois dernier, Trump a relancé sa politique de « pression maximale » pour empêcher l’Iran d’acquérir une arme nucléaire, tout en déclarant être ouvert au dialogue avec le président iranien Massoud Pezeshkian. Cependant, le guide suprême Ali Khamenei a rejeté toute négociation avec l’administration Trump, et il reste incertain de savoir comment Téhéran réagira à une éventuelle initiative américaine relayée par Moscou.
Les conservateurs iraniens, qui contrôlent des institutions influentes comme les Gardiens de la Révolution et le système judiciaire, soutiennent fermement la position de Khamenei. Pezeshkian semble s’y conformer, déclarant récemment : « J’étais en faveur des négociations, mais le guide suprême a décidé que nous ne parlerons pas aux États-Unis, et nous suivrons ses directives. »
Mardi, Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a affirmé que l’administration Trump restait ouverte aux discussions avec adversaires et alliés, mais toujours dans une posture de fermeté pour protéger la sécurité nationale des États-Unis.
Bien que l’Iran nie vouloir développer une arme nucléaire, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a mis en garde contre une accélération de l’enrichissement d’uranium par Téhéran, atteignant un niveau de pureté de 60 %, proche du seuil militaire de 90 %.
Les puissances occidentales jugent qu’un tel niveau d’enrichissement dépasse les besoins d’un programme civil et rappellent qu’aucun pays n’a atteint un tel seuil sans ambition nucléaire militaire. Téhéran insiste néanmoins sur la nature pacifique de son programme.
Tammy Bruce, porte-parole du département d’État, a révélé que le secrétaire d’État Marco Rubio s’était entretenu avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour renforcer la coordination face aux menaces iraniennes et favoriser la stabilité régionale.
En 2015, l’Iran avait signé un accord avec le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, les États-Unis, la Russie et la Chine, connu sous le nom de Plan d’action global commun (JCPOA), qui prévoyait la levée des sanctions en échange de restrictions sur son programme nucléaire.
Cependant, Washington s’est retiré de l’accord en 2018 sous Trump, incitant l’Iran à réduire progressivement ses engagements. Aujourd’hui, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne envisagent d’activer le mécanisme de « snapback » pour rétablir les sanctions internationales contre l’Iran, une mesure que Téhéran menace de contrer par un retrait du Traité de non-prolifération nucléaire et une révision de sa doctrine nucléaire.
Toutefois, après le 18 octobre prochain, ces pays perdront la possibilité d’activer ce mécanisme, en raison de l’expiration d’une résolution de l’ONU adoptée en 2015. En anticipation, Trump avait demandé à son émissaire à l’ONU de travailler avec les alliés pour réimposer ces sanctions internationales contre l’Iran.
