Kim Jong-un ne cache plus ses ambitions militaires. Le dirigeant nord-coréen a récemment inspecté un chantier naval où un sous-marin à propulsion nucléaire lanceur de missiles balistiques serait en construction. Une annonce qui, si elle se concrétise, pourrait bouleverser l’équilibre stratégique dans la région.
La Corée du Nord, qui multiplie les démonstrations de force, ambitionne de transformer sa marine en une « force d’élite dotée de l’arme nucléaire », selon les déclarations relayées par l’agence de presse officielle KCNA. Cette initiative s’inscrit dans un plan plus large de renforcement de l’industrie militaro-navale du pays.
Ce n’est pas la première fois que Pyongyang annonce une avancée majeure en matière de sous-marins nucléaires. En 2023, la Corée du Nord avait déjà révélé le « Héros Kim Kun Ok », présenté comme un « sous-marin nucléaire tactique d’attaque ». Or, il s’est avéré qu’il s’agissait plutôt d’un ancien modèle de sous-marin diesel soviétique modifié, et non d’un véritable sous-marin à propulsion nucléaire.
Cette fois, Kim Jong-un parle d’un navire capable de lancer des missiles balistiques, une technologie que seuls six pays maîtrisent actuellement (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et Inde). Ces sous-marins, véritables fantômes des océans, sont capables de frapper n’importe quelle cible depuis les profondeurs maritimes, assurant une dissuasion nucléaire permanente.
Mais concrètement, la Corée du Nord a-t-elle les moyens de développer un SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) crédible ? De nombreux experts en doutent. Concevoir un tel bâtiment nécessite une technologie de pointe, notamment un réacteur nucléaire marin fiable, un savoir-faire qui manque cruellement à Pyongyang. Jusqu’à présent, ses essais de missiles balistiques lancés depuis des sous-marins se sont révélés peu concluants.
Avec cette nouvelle déclaration, Kim Jong-un cherche-t-il à intimider ses adversaires ou s’agit-il d’un réel bond technologique ? Difficile de le dire. Le régime nord-coréen excelle dans l’art des annonces spectaculaires, parfois exagérées, pour asseoir son image de puissance militaire face aux États-Unis et à la Corée du Sud.
Si ce projet aboutissait réellement, il représenterait un changement majeur dans la posture militaire de la Corée du Nord, en lui offrant une capacité de seconde frappe nucléaire, c’est-à-dire la possibilité de riposter en cas d’attaque. Mais en attendant de voir si Pyongyang franchira réellement ce cap technologique, l’annonce alimente surtout la propagande et renforce l’escalade des tensions en Asie-Pacifique.