La compositrice russe Sofia Goubaïdoulina, figure majeure de la musique contemporaine, s’est éteinte le 13 mars 2025 à l’âge de 93 ans, à son domicile en Allemagne, où elle vivait depuis les années 1990. Issue d’un milieu intellectuel en République tatare, elle s’était imposée comme l’une des plus grandes voix musicales du XXe siècle, malgré la censure soviétique qui l’avait longtemps tenue à l’écart. Son œuvre, traversée par un profond mysticisme et une recherche spirituelle, a conquis le monde occidental grâce au violoniste Gidon Kremer, qui fut l’un de ses premiers soutiens en dehors de l’URSS.
Née en 1931 à Tchistopol, Sofia Goubaïdoulina s’initie très tôt à la musique et poursuit des études au Conservatoire de Kazan, puis au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, où elle est encouragée par Dimitri Chostakovitch. Pourtant, son audace musicale et son exploration des sonorités contemporaines lui valent d’être placée sur liste noire par les autorités soviétiques, qui jugent ses compositions « décadentes ». Privée de reconnaissance officielle, elle se consacre principalement à la musique de film et à des recherches expérimentales avant de s’exiler en Allemagne en 1992. Là, elle continue d’enrichir son répertoire avec des œuvres majeures comme Offertorium (1980), In Tempus Praesens (2007) ou encore son dernier Triple Concerto (2017), salués par les plus grands chefs d’orchestre comme Simon Rattle et Andris Nelsons.
Sofia Goubaïdoulina laisse derrière elle un héritage musical unique, mêlant polyphonie, spiritualité et quête sonore. Son influence continue de marquer la musique contemporaine, et ses compositions, jouées dans le monde entier, témoignent de son engagement inébranlable envers la liberté artistique. Récompensée par de nombreuses distinctions, dont un Lion d’Or à la Biennale de Venise, elle restera une figure incontournable de la musique du XXe et XXIe siècles.