Les gardes à vue de deux anciens surveillants de l’établissement catholique de Bétharram, dans le Béarn, ont pris fin ce vendredi, dans le cadre d’une enquête sur des violences physiques et sexuelles dénoncées par plus d’une centaine d’anciens élèves. Un ex-prêtre nonagénaire, également interrogé, a été relâché sans précisions sur la suite de la procédure.
Les faits remontent à une période allant de 1957 à 2004. Les victimes, enfants ou adolescents à l’époque, décrivent un climat de terreur, marqué par des agressions sexuelles régulières, des sévices corporels, des humiliations et des menaces. La Conférence des évêques de France a dénoncé des actes « en contradiction totale avec l’esprit de l’enseignement catholique ».
Des témoignages accablants
Parmi les trois hommes placés en garde à vue, l’un des surveillants était surnommé « Cheval » par les élèves, en raison d’une chevalière qu’il retournait avant de gifler brutalement certains d’entre eux. Un autre, écarté de l’établissement en février 2024 après huit plaintes, est accusé d’avoir abusé d’un élève pendant quatre ans, sous couvert d’un rôle de mentor. L’ex-prêtre, quant à lui, aurait abusé d’enfants dans les dortoirs, se glissant sous les draps la nuit.
Les 132 plaintes recensées par le collectif des victimes mettent en lumière la sérialité des crimes, ce qui pourrait permettre d’échapper à la prescription, grâce à la loi de 2021 sur la protection des mineurs.
François Bayrou dans la tourmente
L’affaire prend un tournant politique, avec la mise en cause du chef du gouvernement François Bayrou, ministre de l’Éducation au moment des faits (1993-1997), accusé par d’anciens enseignants d’avoir été informé des abus dès les années 1990. Une ancienne professeure affirme avoir alerté de vive voix et par écrit, sans obtenir de réponse.
Un rapport du rectorat de Bordeaux, réalisé en 1996, avait pourtant conclu que les élèves n’étaient pas brutalisés, avant une visite de François Bayrou à l’établissement.
Les victimes attendent désormais de possibles mises en examen, espérant que l’ampleur des abus commis au sein de cette institution catholique soit pleinement reconnue par la justice.