SANTÉ – 195 facteurs de risque génétique influencent la santé reproductive des femmes

SANTÉ – 195 facteurs de risque génétique influencent la santé reproductive des femmes

Une étude génétique pionnière a récemment suscité une grande attention dans le milieu médical après avoir identifié 195 facteurs de risque génétique susceptibles de jouer un rôle central dans la santé reproductive des femmes.

Cette recherche, menée par des scientifiques d’Estonie et de Norvège, s’est appuyée sur d’importantes bases de données biogénétiques provenant d’Estonie et de Finlande. En utilisant des études d’association à l’échelle du génome (GWAS), les chercheurs ont identifié des variations génétiques liées à des problèmes de santé comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’endométriose ou encore des troubles comme la cholestase intra-hépatique de la grossesse.

Une approche proactive de la santé reproductive

Les troubles de la reproduction affectent une femme sur dix dans le monde, impactant négativement la fertilité, la grossesse et la santé globale. Malgré leur prévalence, leurs causes restent encore mal comprises. Les auteurs de l’étude espèrent qu’une meilleure compréhension des fondements génétiques pourrait transformer la manière dont ces conditions sont diagnostiquées et traitées.

L’étude a analysé les données d’environ 300 000 femmes, en utilisant des méthodes de calcul avancées. Cela a permis de cartographier 42 phénotypes liés à la santé reproductive, selon les codes de classification internationale des maladies (CIM) de l’OMS.

Les chercheurs affirment que ces résultats représentent une étape cruciale vers une médecine reproductive personnalisée, permettant de passer d’une approche réactive à une approche préventive, en identifiant avec précision les risques génétiques.

Longtemps négligée, la santé des femmes souffre encore de lacunes importantes dans la compréhension de nombreuses pathologies, allant des kystes ovariens aux complications obstétricales. Publiée dans la revue Nature Medicine le 11 mars 2025, cette étude a mis en lumière les causes biologiques sous-jacentes de nombreuses affections. Les chercheurs ont exploité les données du Biobanque estonienne et du projet FinnGen, deux des plus grandes bases de données génétiques en Europe, identifiant 244 associations génétiques, dont près de la moitié étaient inédites.

Corrélations génétiques et outils prédictifs

Loin de se limiter à l’identification de risques, l’étude a mis en évidence des chevauchements de voies génétiques entre plusieurs troubles reproductifs. Par exemple :

Une forte association génétique a été observée entre les fibromes utérins et les règles abondantes ;

Entre la dysplasie cervicale et l’inflammation du col de l’utérus.

De manière surprenante, un lien génétique inverse est apparu entre le SOPK et la prématurité, remettant en question certaines études antérieures qui suggéraient un risque accru d’accouchement prématuré chez les femmes atteintes de SOPK.

Les résultats ouvrent également la voie à une amélioration des protocoles de FIV (fécondation in vitro). En identifiant des gènes clés impliqués dans la maturation des follicules et l’ovulation, chez les femmes atteintes de SOPK, les chercheurs espèrent mieux cibler les traitements. Des perspectives d’intervention précoce dans les complications de grossesse, comme l’hypertension gestationnelle, pourraient aussi améliorer significativement les issues périnatales.

L’étude s’est distinguée par son focus sur les populations finlandaise et estonienne, mettant en lumière des risques génétiques spécifiques à ces groupes, ce qui souligne l’importance de la diversité génétique dans les biobanques pour des découvertes plus précises.

Vers des soins reproductifs personnalisés

Les chercheurs espèrent que ces résultats contribueront à développer des tests génétiques prédictifs, permettant d’évaluer les risques de troubles de la reproduction et d’adapter les soins médicaux de manière plus ciblée.

Une meilleure compréhension des mécanismes génétiques profonds pourrait également déboucher sur des traitements plus efficaces, visant les causes des maladies plutôt que leurs symptômes, ce qui améliorerait considérablement la qualité de vie et les perspectives de santé pour des millions de femmes à travers le monde.

Cette étude marque un tournant majeur dans le domaine de la santé féminine, offrant une vision génétique plus précise et ouvrant la voie à des stratégies de diagnostic et de traitement révolutionnaires. Avec la poursuite des recherches et l’avancement des technologies de la génomique, le rêve d’une médecine reproductive personnalisée semble plus proche que jamais, promettant un avenir plus sain et plus juste pour les femmes du monde entier.

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