Les promesses des « coupe-faim » à base de garcinia cambogia, telles que la réduction du « stockage des graisses » ou la diminution de la « sensation de faim », cachent des effets secondaires graves, voire mortels, observés dans plusieurs pays, a averti l’autorité sanitaire française.
Selon l’Agence France-Presse (AFP), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) a fortement conseillé mercredi à tous les Français de ne pas consommer cette plante. Cette recommandation fait suite à l’analyse d’un cas mortel d’hépatite aiguë en France, ainsi qu’à un grand nombre de signalements d’effets indésirables graves en France, en Italie, aux États-Unis, au Canada et en Corée, y compris chez des personnes sans antécédents médicaux.
Bien que l’utilisation du garcinia cambogia (ou tamarin de Malabar) soit interdite dans les médicaments depuis 2012, cette plante est toujours utilisée dans les compléments alimentaires destinés à la perte de poids. Environ 340 produits en contiennent, la plupart vendus en ligne.
Des effets secondaires sévères
En France, 38 cas d’effets indésirables ont été signalés entre 2009 et mars 2024, comprenant notamment :
des troubles hépatiques,
des troubles psychiques,
des troubles digestifs (pancréatite),
des troubles cardiaques et musculaires, souvent graves.
Ces effets peuvent toucher les personnes souffrant d’antécédents psychiatriques, de pancréatite ou de troubles hépatiques, ainsi que celles atteintes de diabète, d’obésité ou d’hypertension. L’ANSES a également mis en garde contre des interactions avec les antidépresseurs, les antiviraux ou certains médicaments affectant le foie.
En Italie, une femme de 45 ans est décédée d’une hépatite aiguë après avoir consommé un complément alimentaire à base de garcinia cambogia, alors qu’elle suivait un traitement pour l’asthme avec un médicament connu pour son impact sur la fonction hépatique.
Des effets graves similaires ont été signalés, parfois sans aucun antécédent médical, en raison d’interactions médicamenteuses imprévues, selon l’agence française.
Vers une interdiction en Europe ?
D’après Eméric Dubtret, chef de l’évaluation des risques nutritionnels à l’ANSES, une femme de 32 ans sans antécédents médicaux a développé une myocardite, nécessitant une greffe cardiaque.
Il a souligné :
« Certaines personnes diront qu’elles en ont pris sans problème, mais ces quelques cas montrent que ceux qui cherchaient simplement à perdre du poids ont vu leur santé se détériorer gravement, voire ont perdu la vie. »
L’expert estime que ces risques ne justifient pas l’usage de cette plante.
Actuellement, la réglementation européenne n’interdit pas l’usage du garcinia cambogia dans les compléments alimentaires et autorise encore les allégations sur la perte de poids, la gestion de la glycémie et du cholestérol. Cependant, ces affirmations sont en cours de réévaluation par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
L’EFSA examine également les risques liés à l’acide hydroxycitrique, un composant du garcinia cambogia réputé pour ses effets amincissants. Cette évaluation pourrait aboutir à une restriction ou une interdiction de cette substance.
L’ANSES espère la mise en place de listes européennes précisant les plantes autorisées dans les compléments alimentaires, avec des restrictions et des avertissements harmonisés à l’échelle de l’UE.
Enfin, l’agence rappelle que perdre du poids sans avis médical peut être dangereux, en particulier en cas de régime alimentaire déséquilibré.
Cependant, n’ayant pas de pouvoir réglementaire, l’ANSES ne peut pas interdire ces produits. Une éventuelle interdiction du garcinia cambogia en France dépendrait du ministère de l’Agriculture, qui a indiqué à l’AFP ne pas être en mesure de prendre position « à ce stade ».
