La mode et les femmes aisées ne s’en passent pas, malgré la montée en puissance des militants opposés à son utilisation et leurs menaces. La fourrure a toujours été un symbole de luxe, qu’elle soit intégrée aux vêtements sous forme de touches subtiles ou de pièces entières. Cependant, elle a connu un revers avec la montée du concept de durabilité et les appels à son interdiction. Il était donc nécessaire de trouver des alternatives. Grâce aux avancées technologiques, la fourrure synthétique s’est dotée d’un esthétisme remarquable, au point d’être parfois indiscernable de la vraie en termes de douceur et de raffinement.
Selon Mathieu Bubar-Dellière, rédacteur de mode interviewé par l’Agence France-Presse, « la fourrure synthétique est omniprésente depuis un moment ».
Christopher Sarfati, fondateur et président de l’entreprise française Ecopel, spécialisée dans la production de fourrure synthétique et fournisseur d’environ 300 marques à travers le monde, confirme cette tendance : « Depuis l’hiver dernier, les marques de luxe ainsi que des enseignes comme Zara ont lancé des modèles d’une élégance inédite ». En témoignent les performances de son entreprise, dont les ventes ont augmenté de plus de 15 % en Europe et de 28 % en Asie en 2024 par rapport à 2023.
L’un des atouts majeurs de la fourrure synthétique réside dans son aspect, désormais presque identique à celui de la vraie. Cette tendance était particulièrement visible dans la collection présentée par la maison Chloé lors de la dernière Fashion Week de Paris. Sa directrice artistique, Chemena Kamali, a précisé que la maison n’utilise plus de fourrure depuis 2018 et privilégie désormais le shearling synthétique (peau de mouton artificielle), que l’on retrouve sous forme d’écharpes, de manches de vestes, de cols de manteaux longs ou encore en guise de queue de renard sur un sac.
Chloé n’est pas une exception. Depuis plusieurs années, de grandes maisons de luxe comme Saint Laurent et Gucci (appartenant au groupe Kering), ainsi que Chanel, Dolce & Gabbana et Burberry, ont banni la fourrure naturelle de leurs collections. Cette initiative, portée dès le début par la créatrice Stella McCartney, est désormais adoptée par une nouvelle génération de designers.
Brenn Tabinski et Patrick DiCaprio, du label Vaquera, qui ont récemment présenté une collection en fourrure synthétique, affirment : « Pour nous, la fourrure synthétique est plus belle, car nous sommes contre la cruauté animale ». Mathieu Bubar-Dellière constate d’ailleurs que les marques qui continuent d’utiliser de la fourrure véritable sur les podiums se comptent désormais sur les doigts d’une main.
D’après Ecopel, 89 % des vêtements en fourrure présentés à la Fashion Week de Milan étaient synthétiques, contre 62 % à New York et 100 % à Londres, où l’utilisation de la fourrure dans les défilés est interdite depuis plusieurs années. Des associations comme PETA et la Fondation Brigitte Bardot militent pour que Paris adopte une réglementation similaire et ont manifesté dès le premier jour de la Fashion Week pour protester contre le retour de la fourrure.
Par ailleurs, les vêtements en fourrure d’occasion connaissent un véritable engouement, notamment auprès de la génération Z, qui apprécie les pièces vintage. Certaines jeunes femmes vont même jusqu’à chercher des manteaux dans les garde-robes de leurs grands-mères.
Cependant, malgré son succès, la fourrure synthétique reste très polluante. Mais Ecopel affirme avoir trouvé une solution avec une fourrure synthétique 100 % végétale. Christopher Sarfati souligne : « Les marques ne pourront plus dire : Nous ne produisons pas de fourrure synthétique parce qu’elle est faite de polyester issu du pétrole ». Ce matériau révolutionnaire gagne rapidement du terrain, avec une augmentation des commandes de 20 % pour l’hiver prochain par rapport à l’an dernier.
