Les cadres français représentent désormais un quart des actifs

Les cadres français représentent désormais un quart des actifs

Le visage du monde du travail français a radicalement changé en quarante ans. Selon une étude de l’Insee, les cadres, minoritaires au début des années 1980, représentent désormais près d’un quart des personnes en emploi. Tandis que l’agriculture s’effondre et que le salariat en CDI reste largement majoritaire, le tissu socioprofessionnel du pays se recompose en profondeur.

Cadres en hausse, agriculteurs en chute libre

En 1982, seuls 8 % des actifs français étaient cadres. En 2024, ils sont 23 %. Une ascension spectaculaire qui traduit l’évolution de l’économie vers les services, les fonctions d’encadrement, les professions qualifiées — en un mot, la tertiarisation et la montée en gamme. À l’inverse, les ouvriers passent de près de 30 % à 18 %, et les agriculteurs, figures jadis centrales du travail, sont désormais réduits à une portion symbolique de 1,3 % de l’emploi total. Même les « professions intermédiaires » (infirmiers, techniciens, enseignants du primaire…) ont progressé, représentant 25,2 % des actifs contre 18,8 % en 1982. Les employés stagnent. L’image d’une France laborieuse et rurale s’efface devant celle d’une France qualifiée, diplômée, urbaine — et plus hiérarchisée.

Salariat dominant, indépendance en progression

Malgré l’essor du travail indépendant (13,3 % des actifs, son plus haut niveau depuis 1999), le salariat reste ultra-dominant : 86,7 % des actifs, dont près des trois quarts en CDI ou fonction publique. Les contrats à durée limitée représentent seulement 9,5 % des emplois, un niveau inférieur à celui d’avant la crise sanitaire. Les jeunes restent la population la plus précaire : seuls 41,6 % des 15-24 ans sont en CDI, contre 76,7 % chez les plus de 50 ans. Ils sont surreprésentés en CDD, en intérim ou en alternance. Le fossé générationnel en matière de stabilité d’emploi reste donc très marqué. Ces chiffres racontent une lente mais profonde mutation du monde du travail en France. Plus qualifié, plus urbain, plus tertiaire, mais aussi plus fragmenté selon l’âge, le genre et le statut. Une société qui valorise de plus en plus les cadres… sans offrir les mêmes garanties à ceux qui n’en sont pas.

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