L’enfance… une voie de prévention contre le diabète

L’enfance… une voie de prévention contre le diabète

Une étude récente sur le diabète, ses causes et les moyens de prévention a montré que les habitudes de consommation de suacre durant l’enfance ont un impact significatif sur le risque de développer la maladie plus tard dans la vie.

Un rapport publié par le journal américain The Washington Post, indique que les preuves scientifiques s’accumulent en faveur de la réduction de la consommation de sucre chez les enfants durant les mille premiers jours de leur vie – à partir de la grossesse jusqu’à l’âge de deux ans – afin de les protéger contre le diabète à l’avenir.

L’étude, récemment publiée, s’est appuyée sur la période de la Seconde Guerre mondiale. Elle a conclu à une augmentation du risque de maladies chroniques, notamment le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle, lorsque les femmes enceintes ou les nouveau-nés consomment de grandes quantités de sucre.

Tadeja Grasner, économiste en chef au Centre de recherche économique et sociale de l’Université de Californie du Sud et auteure principale de l’étude, déclare :
« Avec la consommation excessive de sucre chez les enfants d’aujourd’hui, y compris les tout-petits, les inquiétudes quant à ses effets à long terme augmentent naturellement. »

Elle ajoute que les données de santé recueillies pendant et après la période de rationnement du sucre au Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre mondiale offrent des perspectives uniques. Son équipe a ainsi pu comparer les tendances de santé à long terme entre ceux ayant eu un accès très limité au sucre durant leurs premières années et ceux ayant eu une consommation plus traditionnelle.

À l’aide des données de la UK Biobank, les chercheurs ont examiné les dossiers de plus de 60 000 personnes nées entre octobre 1951 et mars 1956 (âgées de 51 à 66 ans au moment de l’étude).

Le Royaume-Uni avait rationné le sucre et d’autres aliments de janvier 1940, au début de la guerre, jusqu’au milieu des années 1950, soit plusieurs années après la fin du conflit.

L’étude a révélé que le rationnement du sucre durant la petite enfance était associé à une baisse de 35 % des cas de diabète de type 2, à un retard de quatre ans dans l’apparition de la maladie, ainsi qu’à une réduction de 20 % des cas d’hypertension artérielle et à un retard de deux ans dans son apparition.

Grasner et son collègue Paul Gertler ont écrit dans un document accompagnant l’étude :
« Nous avons constaté que la fin du rationnement a entraîné une hausse des cas d’inflammation chronique chez les adultes, un indicateur majeur de maladies chroniques. » Nous avons aussi observé une détérioration de la santé métabolique, en particulier une augmentation du diabète, du cholestérol et de l’arthrite. »

Grasner souligne que d’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre les causes sous-jacentes, mais que « nos résultats suggèrent que les restrictions de sucre dès le plus jeune âge mettent les individus sur une trajectoire de santé plus favorable. »

Elle précise qu’un des facteurs possibles est « la diminution de la préférence pour les sucreries, une hypothèse étayée par notre travail et par d’autres études montrant que les préférences gustatives se forment très tôt et perdurent jusqu’à l’âge adulte. »

Les chercheurs s’intéressent aussi au rôle de l’épigénétique – des changements dans l’expression des gènes pouvant être hérités – ainsi qu’au métabolisme pendant la grossesse. Ils souhaitent mieux comprendre quelle quantité de sucre est « appropriée» durant les périodes critiques du développement fœtal, selon Grasner.

Mark Corkins, président du Comité de nutrition de l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) et chef du service de gastroentérologie pédiatrique à l’Université du Tennessee, déclare :
« Cela signifie que nous devons continuer à nous pencher sur la quantité alimentaire idéale, à partir du moment de la conception. »

L’Académie américaine de pédiatrie considère que la nutrition maternelle avant la naissance, ainsi que durant les deux premières années de vie (dès la grossesse), peut « programmer » les risques de santé tant durant l’enfance qu’à l’âge adulte.


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