En Argentine, la politique économique du président Javier Milei, surnommée « la tronçonneuse », continue de transformer le paysage fiscal et budgétaire du pays. Son gouvernement a récemment annoncé la vente de près de 1 200 biens immobiliers appartenant à l’État, une mesure visant à réduire les dépenses publiques et à renflouer les caisses. Cette initiative intervient alors que le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé son soutien aux réformes économiques mises en œuvre depuis l’élection de Milei, il y a moins d’un an.
Pour la première fois en 16 ans, l’Argentine a enregistré un excédent budgétaire au premier semestre 2024. Le FMI s’est réjoui de cette amélioration, tout en saluant une décrue plus rapide que prévu de l’inflation. Néanmoins, l’institution prévoit que l’inflation restera très élevée, atteignant près de 140 % d’ici la fin de l’année. Les projections sont plus optimistes pour 2025, où l’inflation pourrait baisser à 45 %. Ces perspectives économiques encourageantes pourraient favoriser Buenos Aires dans ses négociations pour obtenir un nouveau prêt du FMI, nécessaire au remboursement de 20 milliards de dollars d’emprunts arrivant à échéance l’an prochain.
Les désaccords sur les prévisions d’inflation et la libéralisation du taux de change
Malgré les signes de stabilisation, le FMI a exprimé des réserves sur les prévisions d’inflation du gouvernement argentin. Alors que l’administration Milei table sur une inflation de 18 % en 2025, le FMI prévoit un taux plus réaliste de 45 %. Ces écarts soulèvent des doutes quant à la crédibilité des projections officielles. Le Fonds a également insisté sur la nécessité de libéraliser le taux de change entre le peso argentin et le dollar, ce qui pourrait entraîner une dévaluation de la monnaie nationale, une perspective redoutée par le gouvernement.
Les réformes drastiques mises en œuvre par Javier Milei ne sont pas sans conséquences sociales. La pauvreté a atteint un niveau record depuis 20 ans, touchant plus de la moitié de la population. Le pays reste également en récession, et les coupes budgétaires suscitent de vives réactions, notamment de la part des étudiants des universités publiques, qui ont manifesté leur opposition à Buenos Aires le 23 octobre.
Perspectives de croissance et enjeux mondiaux selon le FMI
Selon le dernier rapport du FMI, l’économie argentine devrait se contracter de 3,5 % en 2024, avant de rebondir avec une croissance de 5 % en 2025. Sur le plan mondial, l’institution anticipe une croissance modeste de 3,2 % cette année, suivie d’une légère amélioration à 3,1 % d’ici 2029. Cependant, le Fonds met en garde contre les risques liés aux conflits régionaux, notamment au Moyen-Orient, qui pourraient faire grimper les prix de l’énergie.
La situation en Argentine illustre les défis complexes auxquels sont confrontés les pays en développement, qui doivent jongler entre réformes économiques nécessaires et tensions sociales accrues. Les décisions à venir concernant le taux de change et les négociations avec le FMI seront déterminantes pour la stabilité future du pays.