Le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté l’Égypte à appliquer des réformes plus décisives afin d’assurer une croissance forte et durable, soulignant l’importance de la suppression totale des subventions sur les carburants d’ici la fin de l’année.
Dans le cadre de l’approbation du décaissement d’une tranche de 1,2 milliard de dollars pour l’Égypte, après l’achèvement de la quatrième revue de son programme de réformes économiques, le FMI a déclaré qu’il serait « nécessaire d’appliquer des réformes plus décisives pour garantir une croissance durable et robuste… Les priorités incluent : le renforcement des recettes locales, l’amélioration de l’environnement des affaires, l’accélération du désengagement de l’État des actifs, l’instauration de l’égalité des chances et le renforcement de la gouvernance et de la transparence ».
Avec la réception de cette tranche, attendue dans les prochains jours, l’Égypte aura perçu un peu plus de 3,2 milliards de dollars (soit 119 % de sa quote-part) sur un total de 8 milliards de dollars.
Mardi soir, le FMI a annoncé que son conseil d’administration avait achevé la quatrième revue du programme de réformes économiques égyptien soutenu par l’accord de facilité élargie et avait conclu les consultations au titre de l’article IV pour l’année 2025.
Lors d’une conférence de presse mercredi, Ivana Hollar, cheffe de mission du FMI en Égypte, a souligné que le Fonds avait autorisé l’Égypte à abandonner l’objectif d’excédent budgétaire primaire, ce qui a permis de finaliser la quatrième revue et d’approuver le décaissement de la troisième tranche.
Elle a ajouté que l’économie égyptienne avait réalisé des performances solides malgré les turbulences régionales, notamment la crise en mer Rouge, qui a perturbé le trafic maritime dans le canal de Suez, une source majeure de devises étrangères pour le pays.
Hollar a également mis en avant la croissance économique globale, la baisse de l’inflation et la bonne performance du secteur touristique, ainsi que la flexibilité du taux de change, qui a aidé l’Égypte à éviter une nouvelle crise de devises et un marché à deux taux de change.
Le FMI a approuvé « la demande des autorités de dérogation au non-respect de certains critères de performance et leur modification… », ainsi qu’une « réévaluation de la trajectoire de l’ajustement budgétaire ».
L’Égypte devrait enregistrer un excédent budgétaire primaire de 4 % du PIB au cours du prochain exercice fiscal, soit une baisse de 0,5 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, avant d’atteindre 5 % en 2026-2027.
Défis
Bien que le conseil d’administration du FMI ait reconnu les progrès réalisés par les autorités égyptiennes en matière de stabilisation économique et de rétablissement de la confiance des marchés, malgré des défis extérieurs complexes, il a souligné que « la situation économique de l’Égypte reste fragile, impactée par les conflits régionaux et les perturbations du commerce en mer Rouge. Par ailleurs, l’endettement et les besoins de financement globaux demeurent élevés, constituant d’importants défis financiers à moyen terme ».
Face à cette situation contrastée, le FMI a appelé à une « intensification de la mise en œuvre et du suivi rigoureux des engagements financiers du programme ». Il a insisté sur « la nécessité d’un engagement fort en faveur des réformes structurelles pour créer des conditions propices à une croissance durable et inclusive, et pour réduire les vulnérabilités économiques ».
Le FMI a noté que les progrès dans la mise en œuvre de l’agenda des réformes structurelles étaient « inégaux », avec des retards notables dans les réformes essentielles liées au désengagement de l’État des investissements et à l’instauration de l’égalité des chances.
Le Fonds a également salué les efforts du gouvernement égyptien visant à mettre en place des réformes économiques de moyen terme pour faire face au changement climatique. Dans ce cadre, le conseil d’administration a approuvé la demande de l’Égypte d’un financement de 1,3 milliard de dollars dans le cadre du « mécanisme de résilience et de durabilité ».
Hollar a précisé que « le versement de cette tranche se fera progressivement, en fonction de l’atteinte des objectifs fixés, jusqu’à l’automne 2026 ».
Concernant l’inflation, elle a noté que la forte baisse du taux d’inflation en février, due à l’effet de base, signifie que le gouvernement doit désormais se concentrer sur un objectif clair de maîtrise de l’inflation, qui fait partie des réformes structurelles exigées dans la prochaine phase.
Elle a également souligné l’importance de réduire les incitations fiscales afin d’atteindre l’équilibre budgétaire.
Enfin, le FMI a indiqué qu’une société de conseil international avait été sélectionnée pour mener une étude sur les pratiques de gouvernance des banques publiques, afin d’« améliorer l’efficacité et la transparence du secteur financier ».
