« L’âge de déraison » : La BD s’empare de la vieillesse sans tabou

« L’âge de déraison » : La BD s’empare de la vieillesse sans tabou

La bande dessinée s’ouvre de plus en plus à la thématique du vieillissement, explorant sans détour les défis, les joies et les transformations qu’il implique. Longtemps restée en arrière-plan des récits graphiques, la vieillesse s’impose désormais comme un sujet central dans de nombreux albums récents. Les Vieux Fourneaux de Wilfrid Lupano, Le Plongeon de Séverine Vidal ou encore Les Mémés de Sylvain Frécon offrent des portraits nuancés et touchants de personnages âgés qui bousculent les clichés et réinventent leur quotidien. Cette tendance traduit un changement profond dans la manière dont la société aborde cette étape de la vie, dépassant la seule vision de la vieillesse comme un déclin pour en faire une période de possibles, de révoltes et de découvertes tardives.

Dans cette mouvance, L’Âge de déraison de Dounia Georgeon et Pascal M., publié aux éditions Steinkis, illustre avec finesse le réveil intérieur d’une septuagénaire en quête de renouveau. Corinne, mariée depuis quarante ans, voit sa routine bouleversée lorsqu’elle retrouve une vieille amie qui l’invite à rejoindre un cercle d’anciens camarades. Cette redécouverte de liens passés l’amène à reconsidérer ses choix et à questionner une vie conjugale devenue étouffante. À travers un graphisme épuré et une palette de couleurs douces, Pascal M. accompagne ce récit introspectif avec une grande sensibilité, traduisant visuellement le passage de l’apathie à une nouvelle énergie vitale. Loin des discours larmoyants, l’album célèbre la liberté retrouvée et la possibilité de réinventer sa vie, quel que soit son âge.

Ce regain d’intérêt pour la vieillesse dans la bande dessinée témoigne d’une volonté d’explorer toutes les facettes de l’existence avec authenticité. Qu’il s’agisse d’évoquer la rébellion des aînés face aux injonctions sociétales, les souvenirs qui resurgissent ou la confrontation avec la finitude, ces œuvres ouvrent une porte vers un imaginaire où l’âge n’est plus une fatalité, mais un territoire d’émancipation. En brisant les tabous et en diversifiant les représentations, elles participent à une réflexion plus large sur notre rapport au temps et à l’évolution des parcours de vie.

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