Avec Billy Lavigne, Anthony Pastor poursuit sa trilogie western en livrant une œuvre puissante, à la fois sombre et profondément humaine. Après La Fille à l’étoile, ce second volume confirme l’originalité de son approche du genre, en mêlant tragédie intime, quête d’identité et tensions sociales. Porté par une esthétique inspirée des ciels tourmentés de Van Gogh, ce roman graphique de 152 pages s’impose comme l’un des titres marquants de cette année.
L’histoire suit Billy Lavigne, un gardien de troupeaux de 25 ans, rappelé au Texas après la mort brutale de sa mère, retrouvée noyée lors d’une crue. À son enterrement, il retrouve deux figures paternelles, Ford, un riche propriétaire de troupeaux, et Thorpe, son bras droit au passé trouble. Tous deux semblent le considérer comme un héritier, mais pour quelles raisons ? Entre souvenirs flous, secrets de famille et poids du patriarcat, Billy va devoir affronter son passé et sa propre identité.
Dans ce western introspectif, Anthony Pastor déconstruit les codes du genre en bousculant l’image traditionnelle du cow-boy. Billy n’est pas un héros invincible : il doute, il pleure, il aime, il cherche sa place. La force du récit réside dans cette humanité troublée, amplifiée par une mise en scène où le silence et les paysages arides en disent parfois plus que les mots. Visuellement, chaque case est un tableau, alternant scènes d’action brutales et contemplations poétiques. Billy Lavigne est bien plus qu’une BD de western : c’est un thriller psychologique et un drame social, une réflexion sur la virilité, la filiation et la liberté. Un album à ne pas manquer.