Depuis plusieurs semaines, Santorin, l’une des îles les plus emblématiques des Cyclades, vit au rythme des secousses sismiques. Depuis fin janvier, pas moins de 18 000 secousses ont été enregistrées, certaines atteignant des magnitudes suffisamment élevées pour semer l’inquiétude. Les habitants fuient, les touristes annulent leur séjour, et l’économie insulaire, dépendante du tourisme, vacille.
Si la fréquence et l’intensité des séismes ont diminué par rapport aux premières semaines, la situation reste préoccupante. L’île est toujours en état d’urgence, avec des pompiers et des sismologues envoyés d’Athènes pour surveiller l’évolution de la situation. Les écoles restent fermées, et leur réouverture demeure incertaine.
« Beaucoup de nos employés sont partis et nous ne savons pas s’ils vont revenir », confie un commerçant local. De nombreux résidents ont préféré quitter l’île pour s’installer temporairement sur le continent, dans l’attente d’un retour à la normale.
L’impact économique de ces secousses pourrait être désastreux. Santorin accueille chaque année plus de 3 millions de visiteurs pour une population de 15 000 habitants. Avec 90 % de son économie basée sur le tourisme, l’île génère près de 6 milliards d’euros de revenus, soit 2,5 % du PIB grec. Mais aujourd’hui, les annulations de séjours s’enchaînent, menaçant l’ensemble du tissu économique.
« Il n’y a pas de touristes, pas de locaux, pas de personnel », déplore un hôtelier. Bars, restaurants, hôtels et commerces tournent au ralenti. Si certains établissements restent ouverts, l’ambiance n’est plus la même : les rues sont presque désertes, loin de l’effervescence habituelle qui fait le charme de Santorin.
Malgré tout, le paysage de carte postale est toujours là : les maisons blanchies à la chaux perchées sur la Caldeira, les eaux bleu profond de la mer Égée et les reliefs volcaniques qui font la singularité de l’île. Mais derrière cette beauté, un sentiment d’incertitude plane.
Les habitants, eux, oscillent entre inquiétude et résilience. Ils ont l’habitude de vivre sous la menace sismique et conservent toujours des réserves d’eau et de nourriture en cas d’urgence, une tradition transmise par les générations précédentes. Pourtant, même les scientifiques restent prudents : impossible de dire avec certitude si ces secousses annoncent un phénomène plus important ou si l’île retrouve progressivement son calme.
En attendant, la population espère un retour à la normale… et surtout, ne plus entendre leur GPS leur signaler que leur itinéraire pourrait être affecté par un séisme. Mais la patience reste de mise.