SCANDALE – Peine de mort aux États-Unis : ces exécutions ratées dans l’indifférence générale

Entrevue 1

Aux États-Unis, la fin du premier mandat de Donald Trump, en 2021, avait été marquée par un nombre record d’exécutions fédérales, une pratique qui était suspendue depuis 17 ans. Pour rappel, il existe aux États-Unis la peine de mort fédérale, qui est effective sur l’ensemble du territoire américain, et la peine de mort, en vigueur ou non, dans tous les États. Ce sont donc les exécutions fédérales, qui étaient abandonnées depuis 2003, qui avaient repris, suscitant de vives réactions. À son arrivée au pouvoir, Joe Biden avait d’ailleurs annoncé qu’il n’y aurait aucune exécution fédérale durant son mandat.

Si cette polémique a de nouveau relancé le débat sur la peine de mort, elle ne doit pas occulter un scandale récurent depuis plusieurs années, et ce quels que soient les présidents : celui des exécutions ratées.  Plusieurs prisonniers sont en effet morts dans d’affreuses souffrances après de très longues minutes d’agonie suite à des failles dans le processus d’exécutions. Et que l’on soit favorable ou hostile à la peine de mort, chaque prisonnier devrait avoir le droit de mourir dans la dignité. Entrevue revient sur quelques  exemples d’exécutions ayant mal tourné et qui malheureusement, sont trop peu dénoncées dans les médias…

Peine de mort : les exécutions ne se passent pas toujours bien

Depuis le retour de la peine de mort aux États-Unis, en 1976, on compte près de 1 600 exécutions. La majeure partie d’entre elles s’effectue par injection létale. Mais ces dernières années, sous ltoutes les administrations, la « machine à donner la mort » américaine s’est enrayée. Certains condamnés ont enduré de multiples souffrances durant leur exécution : agonies, déglutitions, spasmes, crises de panique… Des exécutions par injection létale auraient même duré plus de deux heures, mais ces exécutions ratées sont étouffées par l’administration. Des conditions inhumaines qui choquent même les pro-peine de mort. En effet, que l’on soit pour ou contre la peine capitale, les condamnés à mort doivent avoir le droit de partir dans des conditions dignes…

Certains condamnés endurent un calvaire

Quelques exemples d’exécutions ratées, et ce dans l’indifférence générale, illustrent ce problème. Ronald Smith, 45 ans, a été exécuté dans l’Alabama. Durant son exécution, qui a duré 34 minutes, le condamné a émis des râles et fait des convulsions pendant 13 minutes, avant de mourir.

En Oklahoma, Clayton Lockett, censé avoir été endormi avant l’injection du produit fatal, s’est réveillé 3 minutes plus tard, se mettant à bouger, respirant très fort, serrant les dents et tentant de relever la tête. Un membre de l’équipe pénitentiaire est venu tirer les rideaux pour empêcher les témoins de voir. Le prisonnier est mort après 43 minutes d’extrême souffrance. Un médecin est venu examiner l’endroit où la piqûre avait été faite et a découvert qu’une veine avait éclaté, empêchant le sédatif d’agir convenablement.

Autre exemple, celui de Dennis McGuire, dans l’Ohio, qui a succombé après de longues minutes d’agonie. Un mélange de produits qui avait été contesté par ses avocats a été utilisé. Les témoins indiquent qu’après l’injection le condamné s’est débattu, a haleté et semblait suffoquer. Glauque…

En Oklahoma, John Grant, un Afro-Américain qui avait été condamné à la peine capitale à 60 ans, a été pris de vomissements et de convulsions suite à un cocktail létal raté lui ayant provoqué d’atroces souffrances. L’homme a vomi et convulsé 20 fois avant de mourir…

D’autres exemples récents et similaires existent, mais ils sont en général étouffés par l’administration.

Des expérimentations à l’origine d’incidents

Ces exécutions ratées s’expliquent par la raréfaction du pentobarbital, un barbiturique interdit en France. Sous la pression des ONG anti-peine de mort, Lundbeck, le laboratoire danois qui le produisait, avait refusé d’approvisionner les centres pénitentiaires américains. Les prisons ont donc eu recours à des produits non testés dont elles ne connaissaient ni les effets, ni les doses à injecter… face à ce problème, de nombreux États font appel à de nouvelles substances, comme l’hydrochlorure de midazolam, entraînant des recours en justice de prisonniers craignant de finir dans d’atroces souffrances.

Face à cette situation inédite, certains États américains ont trouvé une solution de repli en proposant le retour du peloton d’exécution, de la chaise électrique, de la chambre à gaz ou celui de la pendaison…

Avatar photo

Entré à la rédaction d’Entrevue en 1999 en tant que stagiaire avant d'en devenir le rédacteur en chef en 2014, Jérôme Goulon a dirigé le service reportages et réalisé de grosses enquêtes en caméra cachée et d’infiltration. Passionné de médias, d’actualité et de sport, il a publié de nombreuses interviews exclusives. En parallèle, il apparaît régulièrement depuis 2007 à la télévision sur différentes chaînes ( TF1, France 3, M6, C8, NRJ 12, RMC Story ), notamment sur les plateaux de Jean-Marc Morandini et Cyril Hanouna. Il a également été chroniqueur pour Non Stop people (groupe Canal+) et sur Radio J. 

Thumbnail