xAI, l’offensive d’Elon Musk dans l’IA : 12 milliards de dollars pour un supercalculateur hors normes

Entrevue 1

L’entreprise xAI, créée par Elon Musk en juillet 2023, vient de franchir un nouveau cap dans sa course à l’intelligence artificielle (IA). Après avoir déjà levé 6 milliards de dollars au printemps, la start-up a annoncé en cette fin d’année, un second tour de table de 6 milliards supplémentaires. Au total, Elon Musk a donc réuni pas moins de 12 milliards de dollars en l’espace de six mois pour faire de xAI un géant capable de rivaliser avec les leaders du secteur, comme OpenAI (ChatGPT), Google ou Microsoft.

Un supercalculateur surpuissant pour xAI

L’ambition d’Elon Musk s’incarne dans « Colossus », le supercalculateur de xAI. Doté de processeurs graphiques (GPU) Nvidia et AMD — deux fleurons américains des semi-conducteurs —, ce monstre de calcul a pour mission d’entraîner des modèles d’IA générative tels que « Grok », le rival annoncé de ChatGPT. Or, pour faire fonctionner une telle infrastructure, il faut des capacités électriques et de refroidissement colossales. En quelques mois, xAI est ainsi passé d’une puissance électrique disponible de 8 MW à 50 MW, et vient d’obtenir le feu vert de la Tennessee Valley Authority (TVA) pour monter jusqu’à 150 MW. Ce bond en avant doit enfin permettre à « Colossus » de s’approcher de ses performances optimales, estimées à environ 155 MW.

Cette escalade énergétique s’inscrit dans un contexte où l’impact environnemental de l’IA suscite de plus en plus de questions. Les centres de données nécessaires à l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle consomment en effet des quantités faramineuses d’eau et d’électricité. Chez Google, les émissions de gaz à effet de serre liées à l’IA auraient déjà augmenté de 50 % en cinq ans, tandis que ses centres de données ont englouti 6,1 milliards de litres d’eau en 2023.

La nouvelle accélération de xAI relance donc le débat sur la capacité du réseau électrique à répondre à ces besoins massifs sans compromettre l’alimentation des foyers et sans alourdir la facture d’électricité pour les consommateurs. Des voix s’élèvent, comme celle d’Amanda Garcia, avocate senior au Southern Environmental Law Center, pour demander des études d’impact plus approfondies et s’assurer que l’approvisionnement en énergie reste soutenable pour les populations locales.

Vers une concurrence acharnée dans l’IA

Malgré les inquiétudes, Elon Musk ne cache pas ses ambitions : rivaliser avec OpenAI et autres géants du secteur. En plus de « Grok », xAI planche sur plusieurs outils capables de générer des textes, des images ou encore de l’audio. L’enjeu est majeur : l’IA est aujourd’hui au cœur de l’industrie technologique et attire des milliards de dollars d’investissement. Après Microsoft et Amazon, qui investissent à tour de bras pour soutenir leurs propres innovations, c’est au tour de xAI de muscler son jeu pour capter une part du marché florissant de l’IA générative.

Le pari est audacieux. Les besoins en énergie et la pression réglementaire risquent de s’accentuer, tandis que les cas d’usage de l’IA se multiplient dans tous les secteurs, de la santé à la finance en passant par l’industrie. Reste à savoir si cette débauche de moyens financiers et technologiques saura se concilier avec des exigences croissantes en matière de développement durable. Pour l’instant, Elon Musk fait le choix de la surenchère, quitte à repousser toujours plus loin les limites de l’IA… et celles de l’environnement.

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