Le metteur en scène Wajdi Mouawad, à la tête du Théâtre de la Colline depuis 2016, a annoncé qu’il quittera son poste en mars 2026, un an avant la fin de son mandat. Ce départ prématuré s’inscrit dans un contexte de tension croissante au sein des institutions théâtrales françaises, déjà marquées par le non-renouvellement de Stéphane Braunschweig à l’Odéon et de Jean Bellorini au TNP de Villeurbanne. En cause, des difficultés budgétaires, des coupes dans les subventions et une charge administrative de plus en plus lourde pour des artistes censés se consacrer avant tout à la création.
Wajdi Mouawad a dû affronter une gestion chaotique de son renouvellement de mandat, retardé à plusieurs reprises par le ministère de la Culture. Après un vice de procédure, il avait dû assurer lui-même son intérim pendant plusieurs mois, tout en voyant les financements de son théâtre amputés de 500 000 euros en 2024. Malgré un bilan artistique solide, avec une programmation audacieuse et un rajeunissement du public (35 % des spectateurs ont moins de 30 ans), la pression administrative et financière semble avoir eu raison de son engagement à long terme. Il préfère désormais se consacrer à l’écriture et à la mise en scène, comme en témoigne sa prochaine pièce, Le Serment d’Europa, qui sera jouée au Festival d’Athènes-Épidaure avec Juliette Binoche.
Ce départ reflète une crise plus profonde du théâtre public en France. Les directeurs de grandes institutions sont confrontés à des exigences toujours plus contraignantes, oscillant entre impératifs budgétaires, attentes politiques et gestion d’équipes nombreuses. De plus en plus d’artistes choisissent de quitter ces postes, fatigués d’un système qui semble privilégier la bureaucratie à la création. À l’approche de l’élection présidentielle de 2027, l’avenir du théâtre public français apparaît incertain, laissant planer le doute sur la capacité des institutions à attirer et retenir les grandes figures de la scène contemporaine.