C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire du Tahiti Gate et une nouvelle tache dans la mandature de Anne Hidalgo. Des perquisitions ont eu lieu ce mardi 5 mars dans la Mairie de Paris dans le cadre d’une enquête préliminaire menée par le Parquet National Financier pour des chefs de « prise illégale d’intérêt et détournement de fonds publics » suite au déplacement de la maire de Paris à Tahiti en octobre dernier.
Ces perquisitions corroborent les doutes soulevés par Entrevue dans son gros dossier consacré au Tahiti Gate publié dans le numéro de janvier 2024. Suite à notre enquête, Anne Hidalgo avait annoncé, via un communiqué, porter plainte en diffamation contre Entrevue. Mais à ce jour, aucune action en diffamation n’a été menée contre nous par la maire de Paris, qui avait également tenté de dissuader certains médias de parler de notre article…
En enquêtant, nous avions immédiatement noté des incohérences dans les déclarations de la Ville de Paris et d’Anne Hidalgo, notamment sur le prix des billets d’avion du voyage d’Anne Hidalgo à Tahiti. Nous avons sollicité des devis auprès des principales agences de voyage en ligne. Le prix d’un aller-retour Nouméa-Ile des Pins se situe à environ 150 € par personne, ce qui fait 900 € pour la délégation parisienne. Le voyage « multi-destination » Paris-Nouméa-Papeete-Paris coûte en classe économique environ 3 500 € par personne. Ce qui représenterait globalement 22 000 € de dépenses pour les billets d’avion en classe économique pour tout le périple de la délégation. Or la Ville de Paris a annoncé un coût des billets d’avion de près de 41 000 € ! Comment expliquer cette différence du simple au double ?
Il n’y a qu’une seule alternative : soit Anne Hidalgo gère l’argent public n’importe comment et accepte que la ville paye le double de ce qu’un touriste lambda paierait avec une agence de voyage, soit elle a menti et la délégation, en tout cas une partie de la délégation, n’a pas voyagé en classe économique, mais plutôt dans le grand luxe des business class…
Au regard des tarifs de ce type de billets, il ne paraît donc pas impossible qu’en réalité, les élus, dont Anne Hidalgo, aient voyagé dans le confort de la classe affaires, les collaborateurs voyageant en classe économique. Seule la publication par la Ville de Paris des cartes d’embarquement pourrait lever le doute: mensonge public pour cacher le voyage des élus dans des conditions luxueuses pendant que les «sous-fifres» voyageaient à l’arrière de l’avion ou simple incompétence dans la maîtrise des coûts d’achat des billets d’avion. Les perquisitions demandées par le PNF permettront peut-être de répondre à cette question.
Pour rappel, Anne Hidalgo s’était rendue en Nouvelle Calédonie et en Polynésie française du 16 au 21 octobre 2023 lors d’un voyage destiné officiellement à la préparation des Jeux Olympiques de Paris 2024. La maire de Paris avait prolongé ce déplacement de 15 jours pour un voyage privé, ce qui a créé le Tahiti Gate. Face à l’opacité des informations données par la mairie de Paris, Entrevue avait alors enquêté sur place et soulevé le manque de transparence de la maire de Paris. Le 19 octobre dernier, Anne Hidalgo publiait sur son compte Instagram une vidéo d’elle, lunettes de soleil sur le nez en chemise manches retroussées, en train de faire du vélo à Paris : «Quand les rayons de soleil sont de retour, à Paris c’est à vélo qu’on les savoure.» Or, quelques semaines plus tard, les Parisiens apprenaient stupéfaits que les rayons de soleil, Anne Hidalgo les savourait ces jours-là effectivement, mais pas à Paris en vélo : plutôt à Tahiti, après avoir voyagé tout autour du globe en Airbus A330 et Boeing 777.
Depuis, la maire de Paris est engluée dans ce qui est devenu le Tahiti Gate : un scandale de détournement de fonds publics éventuel dans lequel l’argent des Parisiens aurait servi à financer au moins en partie les vacances d’Anne Hidalgo au soleil du Pacifique Sud pour aller assister au mariage de sa fille qui vit à Raiatea, une île de la Polynésie Française où son mari est mis à disposition en tant qu’enseignant. Une plainte contre X a d’ailleurs été déposée en novembre dernier par l’association AC!! Anti-Corruption et plusieurs élus ont fait un signalement aux autorités judiciaires, dont Rachida Dati et Pierre Liscia.
Rappelons que pour compléter le dossier sur Anne Hidalgo, Entrevue avait également publié, dans son numéro de janvier, un sondage exclusif et inédit auprès de l’Ifop afin de savoir ce que les Parisiens pensaient d’Anne Hidalgo. Et le résultat était, sans grande surprise, accablant pour la maire de Paris…
La rédaction d’Entrevue restera très attentive aux suites judiciaires de ce scandale, qui manifestement, n’a pas fini de faire parler de lui…