REPORTAGE EXCLUSIF – Voyage aux portes du Pôle Nord: à la rencontre des ours blancs
À contre-courant des nouveaux géants des mers et navires luxueux pour s’évader sous les tropiques, certains croisiéristes proposent d’explorer les régions polaires. C’est le cas d’Hurtigruten, qui a fait ses gammes dans les eaux glacées des fjords norvégiens. En présence de glaciologues, géologues, ornithologues, naturalistes ou historiens, ce voyage auquel j’ai participé invite à l’exploration sur des lieux hors du temps. L’ensemble des guides accompagne les voyageurs et permet de comprendre les menaces qui pèsent sur ces régions qui se réchauffent deux fois plus vite que le reste de la planète. Respectueuse de l’environnement, Hurtigruten fait partie de l’association AECO, dont l’objectif est de préserver l’Arctique, l’île Jan Mayen, le Groenland et l’Antarctique. Grâce aux nombreuses réglementations, les navires doivent garder une distance de 500 m pour observer les ours blancs. Autre particularité de cette croisière d’expédition, les passagers peuvent participer aux nettoyages des plages qui grouillent de plastiques et autres déchets rejetés par la mer. Une jolie façon de contribuer à la préservation de cet environnement menacé durant ce voyage inoubliable. Bienvenue à bord…
L’archipel du Svalbard, aux portes du Pôle Nord
À seulement trois heures de vol de Oslo, la capitale norvégienne, l’archipel du Svalbard est composé d’une dizaine d’îles au milieu de l’océan Arctique, de la mer du Groenland et de la mer de Barentz. Avec l’île aux ours, le Spitzberg ( montagnes pointues en allemand, Ndlr. ), est la seule région habitée du Svalbard. Pendant des siècles, ces terres polaires ont tour à tour attiré des baleiniers, des trappeurs, des mineurs et des explorateurs comme Robert Peary, qui fût le premier homme à atteindre le pôle Nord.
Embarquement à bord du MD FRAM à Longyearbyen, en Norvège
Pour goûter à la magie de l’Arctique, il faut rejoindre Longyearbyen, située au 78° parallèle Nord. C’est la ville la plus septentrionale du monde. C’est ici que les voyageurs en quête d’ours polaires et de banquise débarquent sur l’ultime territoire norvégien avant le pôle Nord. On gagne ensuite le port, où le MS FRAM, bâteau de la compagnie Hurtigruten, se prépare pour notre expédition de 11 jours, pendant laquelle nous longerons l’archipel par l’Ouest, avant de traverser la mer du Groenland pour rejoindre ses fjords.
Hurtigruten, une compagnie soucieuse de l’écologie
L’histoire des navires noir, blanc et rouge d’Hurtigruten a débuté il y a 130 ans pour ravitailler les villes du nord de la Norvège. Le 2 juillet 1892, le capitaine Richard Whith réussit à relier par la mer la ville de Trondheim à Hammerfest en seulement 67 heures. Il créé au passage, la compagnie Hurtigruten et le célèbre « Express Côtier ». Depuis juin 2023, le « Spitzberg Express » emmène ses passagers de Bergen, en Norvège, à la capitale du Svalbard. Impliqué dans un tourisme éthique et responsable, la compagnie norvégienne a investi dans des moteurs hybrides en collaboration avec Rolls Royce, qui permettent de réduire drastiquement la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre.
Un bateau conçu pour naviguer près des pôles
Cette passion pour la nature et les horizons lointains, le créateur de voyage ne manque pas de l’entretenir dans chaque croisière d’expédition au caractère authentique. On ne connaît jamais l’itinéraire à l’avance, car il dépend de la météo. Dès le premier jour, le Capitaine nous informe qu’il a du faire demi-tour la semaine précédente car la mer était trop agitée dans le détroit d’Hinlopen. Le tour du Spitzberg n’est jamais garanti mais l’aventure est toujours exceptionnelle. À bord, la décoration fait une large place à l’histoire des deux explorateurs Fridtjof Nansen et Roald Amundsen et les ouvrages sur les pôles sont mis à disposition pour les passagers. Conçu pour s’aventurer au milieu des glaces, le FRAM («en avant» en norvégien, Ndlr.), permet d’aller au plus près des pôles.
La boîte aux lettres La plus au nord du monde
Après une première nuit de navigation, nous atteignons Ny-Alesund, située à 1 000 km du pôle Nord. Depuis 1966, cette base scientifique internationale compte une centaine de chercheurs venus étudier le réchauffement climatique et le comportement des animaux. On y trouve la boîte aux lettres la plus au nord du monde, depuis laquelle nous avons posté quelques cartes postales, ainsi qu’un café et une boutique de souvenirs où tous les objets sont à l’effigie des ours.
Rencontre avec des ours polaires, des baleines et des phoques
Pendant le déjeuner, le chef d’expédition fait une première annonce retentissante: « Chers passagers, une mère et ses oursons ont été repérés le long de la côte ». Une aubaine pour les passagers qui admireront le spectacle à 500 mètres du rivage. Des scènes d’anthologie, nous en verrons durant cette croisière qui s’avérera riche en observations animalières. Des baleines bleues en mer du Groenland, des morses sur l’île d’Hoffen, des bélugas dans la baie de Disko et même des renards polaires en quête d’oiseaux rares. Nous aurons la chance d’apercevoir à nouveau le roi de l’Arctique à l’extrême nord de l’archipel.
Arrivée en zodiac sur la banquise
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Au cinquième jour de navigation, tandis que l’archipel des Sept-Îles pointe à l’horizon sur une mer agitée, nous franchissons le 80e parallèle quand enfin nous la trouvons. Le commandant et chef d’expédition se concertent, des guides sont envoyés en éclaireurs, puis le verdict tombe: la glace est suffisamment épaisse pour permettre un débarquement. C’est une grande joie pour les voyageurs, qui sont impatients de descendre du navire et découvrir d’un peu plus près cette terre promise qui s’offre devant eux. Encore une journée exceptionnelle où nous pourrons fouler du pied la banquise et donc réaliser un rêve d’enfant.
L’étude de la fonte des glaces
Accompagné d’un glaciologue, nous ferons quelques prélèvements qui permettront aux scientifiques d’analyser les effets du réchauffement climatique sur les blocs de glace. Et pour cette escale un peu spéciale, les équipements prêtés par le navire sont d’un niveau de technicité incroyable qui font rapidement oublier les températures négatives. A bord du zodiac, les étendues blanches qu’on imagine aisément lorsque l’on pense aux mondes polaires sont encore plus impressionnantes. Ici, l’horizon est impénétrable et la banquise apparaît dans une brume épaisse sur une mer noire et glacée. L’instant est magique et les passagers ne l’oublieront jamais.
Dernière escale, en compagnie des renards polaires
Le voyage s’achève dans le sud-Ouest de l’archipel où les escales dans les vertes toundras offrent de belles randonnées. On y croise rennes, renards polaires et milles curiosités géologiques. Sans oublier les plages de sable et de galets où la lumière estivale encourage la floraison des espèces végétales qui bordent les cabanes de trappeurs. Un véritable saut dans le temps qui séduira les amateurs de paysages époustouflants.
CARNET DE ROUTE :
+ Avec la compagnie Hurtigruten. Tour du Spitzberg – Au royaume de l’ours polaire.
+ À partir de 8 433 euros par personne en pension complète. Le voyage comprend les vols A/R au départ d’Oslo où votre voyage se poursuivra en mer. Lors de cette expédition, le Capitaine et son équipage tenteront de faire le tour du Spitzberg et de passer le 80e parallèle nord.
www.hurtigruten.fr