Volodymyr Zelensky aux États-Unis pour présenter son « plan de la victoire »

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé aux États-Unis dans la soirée de dimanche. Ce voyage, qui revêt une importance cruciale dans le cadre de la guerre en Ukraine, vise à présenter à son homologue américain Joe Biden, ainsi qu’à ses alliés, les détails de son plan de paix. Baptisé « plan de la victoire », ce projet stratégique vise à mettre un terme à l’invasion russe qui dure depuis plus d’un an et demi.

Renforcer l’Ukraine face à l’agression russe

« Nous sommes arrivés aux États-Unis. L’objectif principal est de renforcer l’Ukraine et de protéger tout notre peuple », a déclaré Volodymyr Zelensky via le réseau social X (anciennement Twitter). Dans un message vidéo publié peu de temps avant l’atterrissage, Zelensky avait précisé qu’il se dirigeait d’abord vers la Pennsylvanie, pour une « visite particulière », avant de rejoindre New York et Washington. Il a également insisté sur le fait que cet automne serait « décisif pour la suite » du conflit, soulignant l’importance des prochains mois pour l’avenir de l’Ukraine.

Zelensky a par ailleurs réitéré que cette guerre ne pouvait se conclure que par une paix juste et durable, obtenue grâce à un soutien international accru. Il a ajouté que son « plan de la victoire » serait partagé avec tous les dirigeants des pays alliés lors de ce séjour diplomatique, et qu’il constituerait un pilier central dans les futures négociations pour la paix.

L’un des objectifs majeurs de cette visite est de renforcer le soutien militaire des États-Unis à l’Ukraine. Le président ukrainien espère convaincre Joe Biden d’autoriser Kiev à utiliser des armes occidentales à longue portée pour frapper des cibles en Russie. Zelensky considère cette option militaire comme potentiellement décisive pour renverser la situation sur le terrain. Cependant, jusqu’à présent, Washington et Londres ont refusé de donner leur aval à de telles frappes en territoire russe, par crainte d’une escalade majeure avec Moscou.

« Ni l’Amérique ni le Royaume-Uni ne nous ont donné la permission d’utiliser ces armes sur le territoire de la Russie, sur n’importe quelle cible et à n’importe quelle distance », avait déploré Zelensky lors d’une interview récente.

Ce voyage s’inscrit également dans un contexte politique américain particulier, marqué par la campagne présidentielle en vue des élections de 2024. Zelensky devrait ainsi rencontrer les deux principaux candidats : la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump. Pour l’Ukraine, le soutien des États-Unis est vital, mais l’incertitude plane sur l’avenir de cette aide en fonction de l’issue des élections. Trump, qui a souvent tenu des propos ambigus concernant la guerre en Ukraine, pourrait représenter une menace pour le soutien inconditionnel que Kiev a reçu jusqu’à présent.

L’Assemblée générale de l’ONU comme tribune diplomatique

Le calendrier de la visite coïncide également avec la tenue de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Zelensky y rencontrera plusieurs dirigeants mondiaux pour faire avancer son plan de paix. L’Ukraine espère rallier une majorité de pays à ses propositions et démontrer que sa formule de paix est la seule base viable pour résoudre le conflit.

Toutefois, la Russie a déjà annoncé qu’elle ne participerait pas au deuxième sommet sur l’Ukraine prévu pour novembre, après une première édition en juin en Suisse. Le Kremlin, par la voix de la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, a qualifié la « formule Zelensky » d’illusion, accusant Kiev de vouloir imposer à Moscou un ultimatum de capitulation.

Un plan de paix ambitieux, mais des défis persistants

Le « plan de la victoire » de Zelensky repose sur l’idée d’une paix juste, exigeant le retrait complet des troupes russes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, y compris de la péninsule de Crimée. Kiev maintient cette exigence, estimant qu’elle seule permettrait de rétablir pleinement la souveraineté ukrainienne. Cependant, Moscou refuse catégoriquement cette idée, insistant pour que toute négociation tienne compte des « réalités sur le terrain », c’est-à-dire la présence russe dans certaines régions d’Ukraine, annexées de facto par la Russie depuis 2022.

En juin dernier, Vladimir Poutine avait précisé que toute paix ne serait envisageable que si l’Ukraine renonçait à la souveraineté sur cinq de ses régions actuellement occupées, un scénario que Kiev juge inacceptable.

Pendant ce temps, la guerre continue de faire rage. Une attaque russe contre des immeubles résidentiels à Kharkiv (nord-est), la deuxième plus grande ville d’Ukraine, a blessé 21 personnes samedi soir, dont plusieurs enfants. Ce genre d’attaques répétées sur les civils ukrainiens renforce l’urgence d’une réponse internationale plus vigoureuse.

Zelensky a aussi salué, dans un message vidéo, les frappes réussies de l’armée ukrainienne sur des dépôts militaires russes dans le sud et l’ouest de la Russie. Il a également souligné que l’Ukraine devait continuer à renforcer ses capacités militaires pour faire face à la campagne aérienne intense menée par Moscou, qui a utilisé, selon lui, plus de 900 bombes aériennes guidées, environ 400 drones Shahed et près de 30 missiles en une semaine.

Un soutien international toujours essentiel

L’issue de cette visite diplomatique aux États-Unis est cruciale pour l’avenir de la guerre. Zelensky espère que ses discussions avec Joe Biden, les membres du Congrès américain et les autres alliés occidentaux permettront de renforcer l’aide militaire à l’Ukraine, notamment en termes de systèmes de défense aérienne et de munitions.

Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’Ukraine, tant sur le plan militaire que diplomatique, alors que le pays lutte pour sa survie face à l’agression russe et que les négociations de paix semblent encore lointaines.

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