Violences policières : un policier jugé pour avoir éborgné un « gilet jaune » en 2019

25 octobre, 2024 / Entrevue

Cinq ans après les faits, la justice se prononce enfin sur une affaire marquante des mobilisations des « gilets jaunes ». Un policier sera jugé devant la cour criminelle départementale de Paris pour « violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente » après avoir éborgné un manifestant lors d’une manifestation en novembre 2019.

Selon les éléments de l’enquête, le policier aurait procédé à un « tir tendu » de grenade lacrymogène, en deçà de l’angle minimal de 30 degrés requis, atteignant directement le visage du manifestant. Ce type de tir, strictement encadré en raison de sa dangerosité, n’était « pas justifié dans ce contexte », estime la juge d’instruction, précisant que le manifestant se trouvait à l’écart des échauffourées et n’opposait aucune résistance active aux forces de l’ordre. La grenade a percuté violemment l’œil gauche du manifestant, entraînant la perte irréversible de son œil.

Les images de l’incident montrent le manifestant, alors âgé de 41 ans, discutant à proximité d’un centre commercial sur la place d’Italie avant d’être soudainement atteint au visage. Cette décision de la justice intervient en dépit des réquisitions de non-lieu du parquet, qui estimait que le tir restait conforme à la formation de l’agent. Le policier, aujourd’hui âgé de 49 ans, a toujours nié être l’auteur des blessures, ajoutant que, si son implication était prouvée, elle ne pouvait être que « non intentionnelle ».

Pour l’avocat du manifestant, cette décision est un « soulagement », marquant une avancée significative dans la reconnaissance des violences commises contre les « gilets jaunes » lors des manifestations contre la vie chère. Ce procès est l’un des premiers à examiner en profondeur la responsabilité d’un policier dans les blessures graves infligées à des manifestants pendant ces mobilisations emblématiques de la période 2018-2019.

La procédure judiciaire se concentrera sur l’usage controversé des armes de dispersion par les forces de l’ordre, et ce verdict pourrait avoir des répercussions pour la gestion des futures manifestations en France.